Dans sa tribune pour l’Opinion, Sébastien Cochard, conseiller au Parlement européen et ancien responsable de la Direction générale du Trésor français, a mis en avant les avantages du projet Nord Stream 2 qui «suscite néanmoins certaines adversités» en Europe.
«Ce projet au caractère économique incontestable est d’ailleurs soutenu financièrement par cinq sociétés européennes: ENGIE, Shell, Uniper, OMV et WintershallDEA», a-t-il ajouté.
M.Cochard s’est également prononcé sur les menaces de sanctions américaines contre le Nord Stream 2. Il estime notamment qu’elles visent les intérêts européens et «ne feraient que détériorer la relation transatlantique par ce qui constituerait une véritable intrusion dans la politique énergétique européenne».
Le GNL américain peut-il se substituer au gaz russe?
Le gaz naturel liquéfié (GNL) américain ne peut pas faire concurrence au gaz russe, ajoute l’expert.
«Il est structurellement plus cher que le gaz russe, car il faut le liquéfier pour l’acheminer par bateaux, ce qui coûte très cher et a une empreinte environnementale supérieure», a-t-il souligné.
Selon lui, «il faut une saine concurrence entre le gaz russe et le gaz américain» afin de «maintenir des prix du gaz bas, dans l’intérêt du consommateur et de l’industrie française».
Risque d’une nouvelle crise gazière en Europe
Le gaz continuera à jouer «un rôle clé dans le bouquet énergétique européen des décennies à venir», estime M.Cochard.
«Meilleur allié du développement des énergies renouvelables, le gaz assure un rôle essentiel dans l’équilibre du système électrique, notamment en période de pointe de consommation ou de grand froid», explique-t-il.
Néanmoins, selon l’expert, des menaces pèsent sur l’approvisionnement sûr des pays européens. Il s’agit notamment du risque d’une interruption du transit via l’Ukraine après l’expiration du contrat entre Moscou et Kiev le 31 décembre prochain.
«En l’absence d’accord économiquement raisonnable, c’est-à-dire qui garantisse un niveau important de transit via l’Ukraine à un coût raisonnable pour les Russes, nous nous dirigeons tout droit vers une crise gazière cet hiver», a-t-il indiqué.
Négociations trilatérales
Le sort du transit via l’Ukraine après 2019 est négocié par la Russie, l’Ukraine et la Commission européenne. La dernière réunion trilatérale qui a eu lieu le 21 janvier ne s'est pas conclue sur une avancée. Moscou et Kiev ne sont pas parvenus à s’accorder ni sur la durée du contrat, ni sur le volume, ni encore sur les tarifs du transit.
Ce sujet a été abordé le 13 juin lors de la rencontre entre le ministre russe de l’Énergie, Alexandre Novak, et le vice-président de la Commission européenne chargé de l’Union énergétique, Maros Sefcovic. M.Novak avait alors déclaré que la date d’un nouveau tour de négociations serait définie en septembre, après les législatives en Ukraine.