En début de semaine, la députée Les Républicains (LR) Valérie Boyer paraît bien seule à l’Assemblée lorsqu’elle évoque une «sorte d’épidémie d’incendies […] et de dégradations» d’églises dans le pays.
Je souhaite rappeler qu'une #église dans l'#Eure a encore brûlé. Il y a une "épidémie" d'incendies de nos édifices religieux en #France ces derniers mois. Non seulement nous éprouvons des difficultés à les entretenir mais en plus ils subissent diverses dégradations. pic.twitter.com/OwYv7KWR34
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 2 juillet 2019
Valérie Boyer réitérait son souhait qu’une «mission» soit mise en place afin d’évaluer l’ampleur des dégradations des lieux cultuels en France, «toutes religions confondues», précisait-elle. «Il serait temps qu’à la fois on arrive à le restaurer et que d’autre part on sache quelles sont les personnes qui volontairement– et pour quels motifs– les dégradent», conclut l’élue. Des paroles qu’approuve Jacques Myard, maire LR de Maisons-Laffitte, commune dont l’église avait d’ailleurs été profanée début février.
«Il existe malheureusement en France une certaine omerta sur les agressions contre les églises et les chrétiens», regrette-t-il, avant d’ajouter qu’«en revanche, je suis navré de dire que dès qu’il y a un début de violence –absolument illégitime et qui doit être condamné– à l’égard d’autres cultes et religions, cela prend une très grande ampleur.»
«Omerta», un mot que lâcha Laurent Wauquiez, lorsqu’à la mi-mars, en plein Carême, l’église Saint-Sulpice à Paris était la cible d’un incendie criminel. Le président des Républicains soulignait ainsi que pour «le seul mois de janvier, 66 églises ont été profanées.» Nous étions un mois avant l’incendie de Notre-Dame, qui a suscité de nombreuses réactions de joie sur les réseaux sociaux, notamment de personnes de confession musulmane et de personnes issues d’une certaine gauche. Un phénomène que nous étions l’un des rares médias à documenter.
Au-delà de leur perception des évènements, soulignons qu'à l'exception de l'année 2017 les actes anti-chrétiens sont les seuls à constamment progresser en France, contrairement aux actes antimusulmans, qui ne cessent de reculer, ou encore des actes antisémites qui oscillent fortement d’une année sur l’autre. Notons ainsi qu’après avoir diminué, de près de 59% en 2016, les actes antisémites ont explosé de 74% en 2018. La même année, comme le soulignait le ministère de l’Intérieur, «avec 100 faits» les actes antimusulmans étaient quant à eux à «leur plus bas niveau depuis 2010», et ce malgré les nombreux attentats islamistes qui ont endeuillé la France.
Parallèlement, jugé quant à lui «stable» par la place Beauvau, le nombre d’actes anti-chrétiens reste non seulement dix fois plus nombreux, mais il progresse, avec 1063 actes recensés en 2018 contre 1038 l’année précédente (+2,4% en un an). En 2016, où ces actes avait déjà augmenté de 17,4% par rapport à 2015, Bruno Le Roux, alors ministre de l’Intérieur, saluait «la résilience absolument remarquable» des chrétiens, quelques mois seulement après l’assassinat en pleine messe du Père Hamel par deux islamistes. Le ministre précisait dans son discours qu’entre 2008 et 2016, les atteintes à l’égard des cultes chrétiens en France– qui représentent 90% des atteintes à l’égard des lieux de culte, des sépultures et des croyants– avaient progressé de 245%.
«Certes, les religions chrétiennes sont en France majoritaires, mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui il y a une sorte d’antichristianisme latent dans le pays, alors même que l’Église catholique est loin d’être ce qu’elle fut dans le passé et n’est surtout pas un défi pour l’État et la laïcité», estime Jacques Myard.
Des «actes» anti-chrétiens, sur la nature desquels le ministère de l’Intérieur ne souhaite pas communiquer, «“pour éviter qu’ils ne soient manipulés” ou qu’il n’y ait des “risques de surenchère”», comme le relate Libération. Un incendie de lieu de culte ou une insulte à la personne sont ainsi mis dans le même sac par la place Bauveau, ce qui n’aide pas à connaître la gravité réelle des différents faits.
L’une des pistes souvent avancées, notamment par le ministère de l’Intérieur afin de justifier cette importante disproportion entre les atteintes à l’encontre des lieux de culte et sépultures chrétiennes et celles qui touchent les autres religions, est la surreprésentation des lieux cultuels catholiques en France. Un raisonnement «absolument faux», estime Jacques Myard.
«En réalité, il existe une agressivité latente de certains pratiquants musulmans de leur religion et ils veulent véritablement partir en guerre –selon le Djihad– contre les mécréants, contre les chrétiens, c’est aussi simple que cela. Il y a un moment, il faut cesser de se cacher derrière son petit doigt.»
Le maire de Maisons-Laffitte rappelle ainsi les propos tenus par Gérard Collomb, lorsque sur le départ de la place Beauvau il avertit que l’«on vit côte à côte et je le dis, moi je crains que demain on ne vive face à face». Dépeignant un pays en proie à un communautarisme des plus déstabilisants, l’ex-ministre de l’Intérieur mettait ainsi en garde contre une situation «très dégradée» dans des villes et banlieues françaises. Si le maire LR de Maisons-Laffitte souligne une «prise de conscience» du gouvernement Macron du phénomène, il regrette que celle-ci «n’aille pas au bout», plaidant pour bien plus de fermeté:
«Je crains fort que demain ne soit aujourd’hui et que nous soyons déjà face à face avec des gens qui ont décidé que la société française n’est pas leur société, que la France n’est pas leur pays. Eh bien, je dis à ces personnes: qu’elles quittent la France! S’ils sont mal dans ce pays, s’ils estiment qu’effectivement on ne peut pas vivre dans un pays où on mange du cochon, eh bien qu’ils aillent voir ailleurs! Si, effectivement, les us et coutumes français– c’est-à-dire l’égalité des sexes– leur déplaît, eh bien qu’ils aillent voir ailleurs!»
Pour Jacques Myard, «il faut être extrêmement ferme et ne rien lâcher», tout particulièrement à l’égard des salafistes ou de ceux partis combattre la France au Levant. «Si on n’est pas ferme sur les principes qui fondent la société française, eh bien nous risquons fort d’arriver à une forte dérive qui mène directement à l’affrontement», martèle l’élu LR.
«L’omerta est surtout le fait d’un certain nombre de salonards parisiens, qui ont pris fait et cause pour des minorités. À leurs yeux, les minorités sont des victimes plus que des agresseurs, en l’occurrence. Eh bien, c’est une erreur. Il y a un moment, cela suffit! Il y a véritablement une remise en cause de l’ordre public au sens noble du terme par un certain nombre de fanatismes religieux et bien nous devons réagir, appliquer nos lois et expulser ceux et celles qui ne veulent pas vivre les normes françaises, les principes français d’égalité des sexes, etc. C’est aussi simple que cela!»