Les crucifix, symboles religieux qui font partie de la culture italienne, enlevés ou recouverts de ruban adhésif, les chants de Noël et les jeux de la Nativité supprimés dans les écoles … Est-il juste de nier sa culture et son identité au nom du multiculturalisme? Sputnik a posé cette question à Aïcha Lazzerini, membre de la commission des questions juridiques de la COREIS (communauté religieuse islamique italienne).
«Non. À mon avis, non seulement, le crucifix ne blesse pas les sentiments d'une personne vraiment religieuse, quelle que soit sa religion. C’est un symbole très important dans notre pays, riche de son histoire et de son système de valeurs bien établi», a-t-elle répondu.
Et d’admettre qu’il y avait eu par le passé bien des contradictions, parfois interprétées comme une prise de position pour ou contre l'islam, mais que c'était «une approche absolument fausse».
«Je pense qu'il ne s'agit là que d'une manipulation scandaleuse de symboles religieux. Quant à des communautés telles que la COREIS, nous n'avons absolument rien contre la démonstration du crucifix, nous le respectons et l'honorons comme un symbole sacré», a souligné la musulmane italienne.
Elle a supposé que les incidents impliquant des musulmans résidant en Italie ou venant dans ce pays catholique s’expliquaient essentiellement par un manque de connaissances, au mieux, ou, peut-être, par un sentiment d’exclusivité qui n’a d’ailleurs rien de religieux.
«Dans l'Islam, il y a une figure de Jésus et une figure comme Maryam ou Maria et elle est, pour nous les musulmans, la mère immaculée à qui est consacrée toute une sourate du Coran, un chapitre entier», a poursuivi Mme Lazzerini.
Selon cette dernière, même du point de vue doctrinal, il est difficile de comprendre comment un symbole faisant référence au Christ pourrait être offensant pour les musulmans.
«C'est précisément parce que le multiculturalisme et le pluralisme religieux découlent de l'idée que les différences ne sont pas un problème qui doit être caché, mais au contraire une richesse supplémentaire apportée par chacun et qui peut contribuer à une plus grande ouverture réciproque pour tous», a conclu Aïcha Lazzerini.