L’ancien procureur général de la Cour des comptes Gilles Johanet a envoyé le 14 mai 2019 une lettre aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères dans laquelle il signalait des irrégularités et le caractère financièrement préjudiciable de l’accord de 2018, a annoncé Le Canard Enchaîné, en possession de ce texte intitulé «Contrat de licence entre le Louvre et le gouvernement des Émirats arabes unis».
«Outre son caractère financièrement préjudiciable, l’accord de 2018 présente plusieurs irrégularités […] Ce contrat, qui lèse manifestement les intérêts financiers du Louvre, n’a pas été soumis à l’approbation préalable du conseil d’administration ce qui constitue une irrégularité au regard des règles internes de l’établissement», cite le média.
Le Canard Enchaîné s’est demandé pourquoi l’accord, initialement rédigé en 2007, n’avait été ratifié que onze ans plus tard. Onze années durant lesquelles le musée parisien n’a bénéficié d’aucune des redevances que le «contrat de licence» exigeait pour chaque exploitation du nom «musée du Louvre» appliquée à «des produits commerciaux», selon les termes de l’ancien procureur.
D’autant qu’entre 2007 et 2018, les termes de l’accord, signé pour 30 ans, ont bien évolué, selon Gilles Johanet. Initialement, un minimum de 8% de chacune des exploitations commerciales devait être versé au musée parisien. Une redevance qui a chuté à 8%... maximum dans le contrat final.
Le Louvre s’est trouvé confronté à un refus lorsqu’il a voulu prendre connaissance du contrat entre la compagnie et le musée émirien, ce qui lui a été refusé. Le procureur regrette que, par la suite, «les dirigeants de l’établissement public [le Louvre] aient renoncé à faire trancher le différend».
L’histoire ne s’arrête pas là, écrit Le Figaro. En 2017, un accord concernant une campagne d’affichage mondiale en prévision de l’ouverture du musée d’Abou Dhabi a été passé seulement à l’oral, selon l’ancien procureur. Scandalisé par cette situation, celui-ci conseille aux ministres d’attaquer le contrat de licence de 2018 devant les tribunaux et de le renégocier.