Le Louvre est-il «lésé financièrement» par Abou Dhabi?

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Le Canard Enchaîné a révélé mercredi 29 mai que le procureur général de la Cour des comptes, Gilles Johanet, qui vient de prendre sa retraite, avait envoyé le 14 mai 2019 aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères un document dénonçant les irrégularités de l’accord commercial passé entre le musée émirien et le Louvre.

L’ancien procureur général de la Cour des comptes Gilles Johanet a envoyé le 14 mai 2019 une lettre aux ministres de la Culture et des Affaires étrangères dans laquelle il signalait des irrégularités et le caractère financièrement préjudiciable de l’accord de 2018, a annoncé Le Canard Enchaîné, en possession de ce texte intitulé «Contrat de licence entre le Louvre et le gouvernement des Émirats arabes unis».

«Outre son caractère financièrement préjudiciable, l’accord de 2018 présente plusieurs irrégularités […] Ce contrat, qui lèse manifestement les intérêts financiers du Louvre, n’a pas été soumis à l’approbation préalable du conseil d’administration ce qui constitue une irrégularité au regard des règles internes de l’établissement», cite le média.  

Le Canard Enchaîné s’est demandé pourquoi l’accord, initialement rédigé en 2007, n’avait été ratifié que onze ans plus tard. Onze années durant lesquelles le musée parisien n’a bénéficié d’aucune des redevances que le «contrat de licence» exigeait pour chaque exploitation du nom «musée du Louvre» appliquée à «des produits commerciaux», selon les termes de l’ancien procureur.

D’autant qu’entre 2007 et 2018, les termes de l’accord, signé pour 30 ans, ont bien évolué, selon Gilles Johanet. Initialement, un minimum de 8% de chacune des exploitations commerciales devait être versé au musée parisien. Une redevance qui a chuté à 8%... maximum dans le contrat final.

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Le Figaro indique à ce propos que sans que le Louvre parisien en ait été informé, un partenariat qu’on imagine juteux a été noué par le Louvre Abou Dhabi et Etihad Airways, une compagnie aérienne nationale. Celle-ci a pu utiliser la marque et l’image du Louvre émirien sur ses avions, billets et cartes d’embarquement. Pour toute justification, les Émirats arabes unis ont assuré qu’une telle action ne faisait pas partie de l’accord mais d’une «opération de communication» rendue possible par le forfait de 400 millions d’euros que reverse ce pays du Golfe sur 15 ans pour pouvoir utiliser la marque, hors utilisation commerciale.

Le Louvre s’est trouvé confronté à un refus lorsqu’il a voulu prendre connaissance du contrat entre la compagnie et le musée émirien, ce qui lui a été refusé. Le procureur regrette que, par la suite, «les dirigeants de l’établissement public [le Louvre] aient renoncé à faire trancher le différend».

L’histoire ne s’arrête pas là, écrit Le Figaro. En 2017, un accord concernant une campagne d’affichage mondiale en prévision de l’ouverture du musée d’Abou Dhabi a été passé seulement à l’oral, selon l’ancien procureur. Scandalisé par cette situation, celui-ci conseille aux ministres d’attaquer le contrat de licence de 2018 devant les tribunaux et de le renégocier.

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