Les députés français ont reconnu le rôle tenu par la Polynésie dans la capacité de dissuasion nucléaire du pays.
Ainsi, dans un texte adopté jeudi 23 mai, Paris admet que la région a été «mise à contribution» dans le cadre de «la construction de la capacité de dissuasion nucléaire» et de la défense nationale, et que cette participation n'était pas volontaire.
Le texte indique également que l'État «assure l'entretien et la surveillance des sites concernés» par ces essais et «accompagne la reconversion économique et structurelle de la Polynésie française consécutivement à la cessation des essais nucléaires».
«C'est une déclaration de principe attendue depuis longtemps» qui «va permettre de reconnaître non seulement les douleurs engendrées aux familles et aux victimes, mais aussi permettre de mieux les indemniser», a affirmé dans ce contexte la députée socialiste George Pau-Langevin.
Pour la députée polynésienne Maina Sage, l'article 1er du texte «consacre la reconnaissance de la République» au rôle de la Polynésie dans «l'histoire du nucléaire français», ainsi que «la reconnaissance des actes clairs de réparation» et «le fait que cela devait se traduire par un accompagnement sur le plan sanitaire, écologique et économique.»
Le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, avait dès novembre 2018 reconnu devant l'assemblée locale avoir «menti» aux Polynésiens.
«Pendant trente ans, nous avons menti à cette population, que les essais étaient propres», avait-il indiqué devant les élus de l'Assemblée de la Polynésie française.
De 1966 à 1996, les atolls de Mururoa et de Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires, qui ont eu un grand impact sur la santé des populations et sur l'environnement.
Des documents déclassifiés du ministère de la Défense avaient précédemment révélé que les tests étaient plus toxiques qu'estimé auparavant. Ainsi, selon les rapports, Tahiti aurait été exposée à 500 fois plus de radiations que les niveaux acceptables.