Car si les 185 sections internationales ouvertes dans les lycées en France existent pour 17 langues vivantes, actuellement en région parisienne, seul le lycée de Saint-Germain-en-Laye propose le russe. Certes, la région n’est pas défavorisée pour l’enseignement des langues étrangères, mais le lycée de Noisy-le-Grand, avec l’enseignement de l’anglais et du chinois, ne peut pas couvrir tous les besoins.
Pour Vincennes, on prévoit des classes avec une étude approfondie de l’anglais classique, mais la deuxième langue reste pour l’instant indéterminée. C’est là que plus de 300 familles franco-russes, qui se sont rassemblées au sein du «Café bilingue Vincennes –section russe», se mobilisent.
«Pour l’instant, il n’y a que deux cents personnes qui ont signé notre pétition en faveur des classes russes», commente pour Sputnik Olga Karasseva, la présidente de la section russe de l’association «Café bilingue».
Les membres de l’association (dont le nombre a été multiplié par 30 en sept ans d’existence), s’adressent au ministre de l’Éducation nationale et aux présidents de région et du département pour appuyer ce qu’ils considèrent comme «une décision fondamentale»: choisir les langues qui structureront les sections du futur lycée.
«Nous pensons qu’il serait particulièrement utile qu’une section russe se développe au sein du futur établissement de Vincennes et nous espérons très sincèrement que votre décision le permettra», souligne le texte de la pétition en ligne.
C’est un dimanche, le jour où sont organisés à Vincennes la plupart des activités du «Café bilingue», que nous avons rencontré ces mères des familles qui espèrent que leurs enfants auront un jour une chance de continuer l’apprentissage du russe, langue maternelle d’au moins l’un des parents, dans ce lycée à Vincennes.
Pour Galina, que son fils de six ans baigne dans la culture russe depuis le plus jeune âge va de soi. Et bien qu’aujourd’hui, il soit plus intéressant pour lui de se retrouver avec ses copains ou participer à l’atelier théâtral que d’apprendre le russe, Galina se projette dans l’avenir et réfléchit comment l’ouverture du collège-lycée international à Vincennes pourrait faciliter son quotidien.
«Pour le russe, après avoir essayé différentes associations à Paris, nous avons fixé notre choix sur Vincennes, nous dit Galina, et à l’avenir, si l’établissement est plus proche de notre maison, cela éviterait à mon enfant la fatigue due aux transports.»
Xénia, mère de deux fils –Gabriel et Maxime– est une des fidèles de l’association depuis sa fondation. Mais pour cette jeune femme, les distractions et la culture russe doivent se broder sur une trame linguistique structurée:
«J’aimerais que l’apprentissage du russe par mes fils se fasse sur des bases grammaticales et théoriques solides, souligne Xénia, avec une approche pédagogique qui structurerait le flot de la langue parlée au sein de notre famille.»
Toutes les mères que nous avons rencontrées affirment d’une seule voix que les cours que leurs enfants suivent en russe leur permettent également à devenir plus extravertis et à prendre plus facilement la parole en public.
«J’aurais aimé que mes enfants parlent les deux langues de leurs parents au même “niveau maternel” de connaissance, conclut Xénia. Je considère ça comme un grand atout, parce que cela double leurs chances de communication dans l’avenir.»
La fille d’Elena a visiblement un avenir bilingue tout tracé devant elle, puisque sa mère enthousiaste a commencé à chercher des activités en russe aussitôt après l’accouchement.
«Il manque cruellement de structures russophones à l’Est de Paris, dit Elena. Et ce n’est pas évident d’utiliser son autorité parentale pour apprendre la langue à la maison. Je pense qu’une personne professionnelle et extérieure y est plus apte.»