L’état des libertés fondamentales en France alarme la Commission des droits de l’Homme

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Interviewé par Le Monde, Jean-Marie Delarue, nommé récemment à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, a déploré l’état actuel des libertés fondamentales en France, estimant qu’elles sont toutes menacées.

Dans un entretien au Monde, Jean-Marie Delarue qui a consacré sa vie à la défense des libertés fondamentales et qui a été nommé le 10 avril à la tête de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a déclaré que ces libertés étaient en très mauvais état en France où elles sont «grignotées» toujours davantage depuis plusieurs décennies par les gouvernements.

Il trouve fausse la formule devenue consacrée disant que «la sécurité est la première de nos libertés» et qui est à la base de lois toujours nouvelles dans le domaine de la sécurité.

«La démocratie était-elle alors désarmée face au terrorisme? Au point qu'il soit nécessaire de légiférer? Personne ne se pose la question, alors que la réponse me paraît claire: nous n'avions pas besoin de nouvelles lois pour mettre en prison des terroristes. Et ça n'est pas plus le cas aujourd'hui», affirme-t-il.

Selon M.Delarue, «par ces lois nouvelles, on installe une distinction entre le Français ordinaire, qui a tous les droits, et le Français suspect, qui a droit à des procédures particulières, à des juges particuliers… Cette dernière catégorie ne cesse de s'élargir. D'abord les musulmans avec l'état d'urgence permanent, puis les Gilets jaunes, avec la loi dite "anticasseurs". Désormais, il suffit de se trouver dans les environs d'une manifestation pour devenir un Français suspect faisant l'objet de mesures extraordinaires, comme des fouilles.»

Il trouve très inquiétant le fait que des gouvernements donnent toujours raison à la police alors que celle-ci peut commettre des erreurs et avoir tort.

Gilets jaunes à Paris, le 19 janvier 2019 - Sputnik Afrique
Amnesty France explique pourquoi la «loi anti-casseurs» menace les libertés (vidéo)
Pour étayer son idée, le nouveau chef de la CNCDH cite en exemple la façon, totalement anormale selon lui, dont a été traité le journaliste Gaspard Glanz: «48 heures de garde à vue, ça n'était évidemment pas nécessaire, 24 heures auraient suffi.»

Il rappelle que n'importe qui peut se retrouver dans la même situation.

«La majorité des Français croient que cela ne les concerne pas et qu'il existe un rideau étanche, or ce n'est jamais le cas. La frontière est toujours beaucoup plus fragile qu'on l'imagine. Ce n'est pas parce que l'on croit que cela ne regarde que les musulmans, les "gilets jaunes" ou la presse qu'il ne faut pas s'en émouvoir», prévient Jean-Marie Delarue.

«Les droits de l'Homme, ce n'est pas un machin qu'on met en avant de temps en temps comme une cerise sur le gâteau, ce n'est pas une décoration ni un sapin de Noël qu'on installe une fois par an, c'est la base de tout. Il ne faut pas les poser comme des principes du passé, mais comme des principes d'avenir, comme le socle sur lequel construire de nouvelles libertés. Les droits de l'Homme doivent s'appliquer à tous, en tout temps et en tout lieu. Or, on en est loin», a-t-il résumé.

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