Sur fond d'augmentation de l'antisémitisme ces dernières années, non seulement en France mais à l'échelle européenne, le film «Lune de Miel…à Zgierz» de la réalisatrice française Élise Otzenberger évoque le sujet de l'extermination des Juifs au XXe siècle. Cette production a participé au concours du Festival international du film de Moscou en avril 2019 et obtenu le prix de la fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI).
Bien que l'œuvre effleure cette tragédie, se focalisant principalement sur l'histoire du couple à la recherche de ses racines en Pologne, ce long-métrage s'inscrit dans l'ordre du jour et peut représenter une réaction à la montée de l'antisémitisme d'aujourd'hui.
Au cours de l'interview qu'elle a accordée à Sputnik, la réalisatrice a affirmé que le scénario de «Lune de miel» était fondé sur l'histoire du voyage qu'elle a fait elle-même avec son mari, invitée à la commémoration de la destruction de la communauté juive d'un village polonais d'où provenait une partie de sa famille.
Mme Otzenberger a confié être «un peu plus pessimiste» sur l'antisémitisme en France, déclarant que les actes antisémites «n'ont jamais vraiment cessé» et qu'«il y a toujours eu de l'antisémitisme en France». Elle a suggéré que les nouveaux modes de communication pouvaient favoriser la diffusion de ce type d'incidents: «peut-être aussi que la manière dont on communique aujourd'hui met plus à jour les événements».
Concernant la manière dont la parole se libère, la réalisatrice exprime sa préoccupation:
«C'est inquiétant parce que même si je pense que l'antisémitisme n'a jamais disparu, là on entend des gens prendre des positions vraiment très assumées, très transparentes et cela est choquant».
Interrogée sur les causes possibles de l'enracinement de cette haine, Mme Otzenberger a estimé que peu d'attention était portée à ce thème:
«Je pense qu'il y a quand même aujourd'hui beaucoup d'ignorance. C'est pour cela que je pense que le travail de mémoire est important. Je pense qu'il y a malheureusement plein de gens qui connaissent finalement assez mal cette histoire. […] Il faut parler, informer. À mon avis, c'est cela [qui] manque encore aujourd'hui. […] Les gens réfléchissent mal, se posent mal les questions. Donc, la haine attire la haine en fait».
Répondant à la question de savoir si par son film, qui parle beaucoup de l'importance de la famille et des attaches familiales, elle avait l'intention de lutter contre l'antisémitisme, elle a exprimé l'espoir que son œuvre puisse y contribuer:
«Je l'ai fait très humblement. […] Si cela peut permettre à des gens de s'intéresser à ce sujet et d'ouvrir un peu les yeux et peut-être d'avoir envie d'en savoir plus, […] cela serait formidable».