On s'attend donc à nouvelle une hausse des cours pétroliers, déjà élevés, à moins que l'Opep n'intervienne, écrit le quotidien Izvestia. Quel sera l'impact de la décision de Donald Trump pour la communauté internationale?
Zone interdite
Les sanctions américaines ont été décrétées en novembre 2018, quand Washington n'a pas réussi à forcer l'Iran à collaborer sur son programme nucléaire et balistique de la manière dont les USA l'entendaient. La Maison blanche avait alors décidé de durcir la pression économique sur Téhéran, avec pour objectif proclamé de réduire à zéro les exportations pétrolières iraniennes — principal produit d'exportation du pays.
Les trois derniers ont rapidement cessé d'acheter du pétrole à l'Iran, mais les autres espéraient que l'exemption de six mois serait en réalité illimitée dans le temps. Les actions brusques de la Maison blanche ont donc constitué une surprise désagréable pour eux. La Chine, qui importe près de la moitié du pétrole qu'elle consomme, estime que ses relations commerciales avec l'Iran sont parfaitement légitimes et ne veut pas en souffrir. De son côté, la Turquie a déploré cette décision qui menace la «stabilité régionale». L'Inde s'est également retrouvée dans une situation compliquée parce qu'elle dépend également des fournitures pétrolières du Venezuela, frappé lui aussi par les sanctions américaines.
Le jeu arabe
Cependant, aucun détail n'a été révélé pour le moment sur d'éventuels accords entre Washington et Riyad. Officiellement, les représentants du royaume répètent les formulations traditionnelles. D'après le ministre saoudien de l'Énergie Khaled al-Faleh, l'État travaillera avec d'autres producteurs afin de «garantir aux consommateurs des volumes adaptés et faire en sorte que le marché pétrolier global ne perde pas son équilibre».
Le fait est que l'an dernier, faire le jeu des États-Unis en politique étrangère ne s'est pas avéré favorable pour les Saoudiens. Avant l'adoption des sanctions anti-iraniennes, Riyad avait considérablement augmenté sa production. Or le royaume ignorait que les plus grands clients de la république islamique seraient exemptés de l'interdiction. Résultat des courses: le baril a chuté de plus d'un quart durant tout l'hiver, ce qui a affecté les producteurs pour qui le bon tarif est largement supérieur à 50 dollars.
Depuis, les Saoudiens ont réduit continuellement leur production. En mars, elle a chuté de 440.000 barils par jour en-dessous du volume prévu par l'accord Opep+. Cette action a permis de redresser le cours pétrolier après son fléchissement en hiver. Même trop, s'avère-t-il: de nombreux membres de l'Opep ont volontairement réduit leur production, alors que d'autres ont été contraints de le faire. Le Venezuela reste aux prises avec une crise politique et économique, tandis que la guerre civile en Libye est loin d'être terminée.
A qui la situation va-t-elle profiter?
Tout dépendra de deux facteurs. Le premier sera de voir dans quelle mesure les sanctions seront respectées. Il est fort probable que les fournitures pétrolières iraniennes ne pourront pas être réduites à zéro. Néanmoins, une réduction des exportations jusqu'à 1 million de barils par jour est tout à fait plausible: autrement dit, cette quantité disparaîtra du marché. Le deuxième découlera de la volonté des Saoudiens de compenser cette quantité manquante, et si oui à quel niveau. Formellement, ils disposent des ressources nécessaires. L'Arabie saoudite règne en maître sur le marché pétrolier, disposant de capacités colossales pour réguler la production et les tarifs. Encore récemment, elle produisait plus de 11 millions de barils par jour: cela ne serait donc pas un problème pour ce pays d'augmenter la production d'un ou deux millions de barils. La question est seulement de savoir quel prix sera jugé convenable par les représentants de Riyad.
Quoi qu'il en soit, la tendance au pétrole cher (au-dessus de 70 dollars le baril, ce qui est important à l'époque actuelle) devrait se maintenir au moins jusqu'à la prochaine réunion au format Opep+ en juin. Dans l'ensemble, c'est une bonne nouvelle pour la Russie. Bien que l'état du Trésor ne dépende plus depuis longtemps des prix concrets à cause de la règle budgétaire — qui impose que le budget soit défini sur la base d'un baril de pétrole estimé à 40 dollars — l'industrie pétrolière et gazière du pays pourrait recevoir une bonne impulsion de développement, qui amortirait partiellement l'effet des sanctions sectorielles.
Actuellement, les compagnies russes produisent même plus que ce que préconise l'accord Opep+. Vu l'évolution actuelle de la situation, personne ne va blâmer Moscou pour cela. C'est plutôt une bonne occasion d'accroître la production sans susciter le mécontentement d'autres producteurs pétroliers.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.