Le baril en hausse
Comme le supposaient les experts, la semaine dernière le pétrole a continué de grimper pour se rapprocher de la barre des 70 dollars le baril, écrit le site d'information Vestifinance.
Cette hausse s'explique notamment par l'aggravation de la situation en Libye, où les affrontements près de Tripoli entre l'Armée nationale libyenne sous le commandement de Khalifa Haftar et les unités du gouvernement d'entente nationale de Fayez el-Sarraj, selon les médias, ont déjà fait plusieurs dizaines de morts. Lundi à 14:40 heure de Paris, les contrats à terme pour le baril de Brent avaient atteint 70,73 dollars, contre 68,34 dollars une semaine plus tôt.
Au centre de l'attention cette semaine se trouveront les rapports mensuels du ministère américain de l'Énergie, de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) et de l'Opep sur le marché pétrolier, qui permettront de se faire une idée plus claire de l'équilibre entre l'offre et la demande et des pronostics d'ici la fin de l'année.
«Le facteur de l'accord Opep+ aura une signification indirecte. Nous ne nous attendons pas à une prolongation de l'accord parce que les prix sont déjà relativement élevés, l'équilibre entre l'offre et la demande a été rétabli et il n'y a pas de raisons objectives de poursuivre la baisse de la production», a expliqué Ekaterina Krylova.
Alen Sabitov, analyste de Freedom Finance, reconnaît que fondamentalement, du point de vue de l'offre, la réduction de la production de l'Opep+ est aujourd'hui la locomotive principale de l'augmentation des prix du baril. Il juge très plausible la prolongation de l'accord jusqu'à fin 2019. D'après lui, il reste même des chances pour qu'il soit prolongé en 2020.
Si la hausse du baril était trop forte, cet accord pourrait toutefois être suspendu. Pour l'instant, le tarif de 70 dollars le baril paraît confortable pour l'Opep et notamment pour l'Arabie saoudite, qui, de toute évidence, a l'intention de le soutenir. Selon l'analyste, en cas de progrès dans les négociations commerciales entre Washington et Pékin, «un nouveau cycle d'augmentation jusqu'à 72,5 dollars est possible», sinon le baril «pourrait descendre jusqu'à 68 dollars».
En fin de semaine dernière, les analystes attendaient également des nouvelles positives du nouveau cycle de négociations commerciales à Washington. Jeudi, en prévision de la rencontre avec le vice-premier ministre chinois Liu He, Donald Trump a déclaré que son équipe avait considérablement avancé dans le dialogue et qu'au final les parties s'étaient mises d'accord sur la majeure partie des questions. «Nous nous sommes mis d'accord sur bien plus de choses qu'il ne nous en reste à convenir», a déclaré Trump aux journalistes.
De son côté, le Président chinois Xi Jinping a noté dans son message oral transmis par Liu He à son homologue américain que les équipes des deux pays avaient atteint un «nouveau progrès conséquent sur les questions centrales relatives au texte de l'accord commercial et économique». Il a également dit espérer que les négociations en question «se termineront au plus vite, dans le respect mutuel et en tenant compte des préoccupations des deux parties». Au final la Maison-Blanche a annoncé que les USA et la Chine poursuivraient les contacts «non-stop» sur les questions commerciales qui n'ont pas encore été réglées.
Les négociations seront longues
A l'issue des pourparlers, Donald Trump s'était également prononcé pour l'organisation d'un entretien en tête-à-tête avec le président chinois Xi Jinping sous quatre semaines, rappelle Alen Sabitov. Cette semaine, suppose-t-il, pourrait être annoncée la date de la rencontre des deux dirigeants pour signer l'accord final censé ouvrir aux compagnies américaines la possibilité d'être les actionnaires majoritaires d'entreprises chinoises.
Cet événement aurait un impact positif sur le risque de demande en donnant une impulsion au cours pétrolier, constate l'analyste de Freedom Finance. En même temps, selon lui, les USA continuent d'être le facteur de risque principal d'une hausse active. Dans le même temps, l'augmentation de la production américaine et le renforcement de la pression sur l'Opep pourraient empêcher la hausse du baril.
Ces derniers jours, le marché a réagi faiblement aux statistiques américaines. Comme l'a annoncé mercredi l'Agence d'information sur l'énergie (EIA) du ministère américain de l'Énergie, durant la semaine du 25 au 29 mars les réserves commerciales du pays ont augmenté de 7,2 millions barils, jusqu'à 449,5 millions de barils. Les analystes s'attendaient à une diminution des réserves de 0,4 million jusqu'à 441,9 millions de barils. En l'espace d'une semaine, la production pétrolière aux États-Unis a augmenté de 100.000 barils pour atteindre 12,2 millions de barils par jour.
Sachant que la compagnie Baker Hughes a annoncé une augmentation du nombre de puits de forage aux USA de 15 unités durant la semaine du 1er au 5 avril, jusqu'à 831 puits. Pendant six semaines le nombre de foreuses avait diminué: la semaine précédente, par exemple, ce chiffre s'était réduit de 8 unités, jusqu'à 816 puits.
C'est pourquoi on s'attend cette semaine à une nouvelle diminution des réserves car les problèmes mentionnés devraient être réglés. Les indicateurs de production réagissent généralement avec un retard de plusieurs mois au changement du nombre de puits de forage, c'est pourquoi il est possible en ce moment d'observer une hausse de la production malgré une diminution du nombre de foreuses, explique l'analyste de Promsviazbank.
Concernant la situation en politique étrangère, elle souligne qu'avant tout l'attention du marché devrait se focaliser sur l'évolution de la situation autour du Venezuela et de l'Iran. D'autant qu'en mai expire le délai accordé par les USA à huit pays qui importent du pétrole iranien et que des sanctions supplémentaires ne sont pas exclues, ce qui limiterait davantage les fournitures pétrolières.
Pour l'instant, à la demande de l'Assemblée nationale du Venezuela contrôlée par l'opposition, Washington a décrété de nouvelles sanctions contre deux compagnies livrant du pétrole vénézuélien à Cuba, ainsi que contre 34 navires de la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne PDVSA. Selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères, les autorités vénézuéliennes jugent ces mesures «cyniques» et «criminelles».
La situation dans ce pays latino-américain ferait écho à la crise en Libye, où, en 2011, les forces de l'Otan étaient intervenues du côté des opposants au dirigeant Mouammar Kadhafi. Après huit mois de bombardements le système étatique libyen avait été détruit, et le dirigeant Kadhafi avait été tué. A présent, en plus des nombreux groupes disparates et du Gouvernement d'entente nationale du premier ministre Fayez el-Sarraj à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, fonctionne dans l'est du pays le cabinet provisoire d'Abdallah al-Thani élu par le parlement soutenant l'Armée nationale libyenne de Khalifa Haftar, qui a annoncé ce 4 avril une offensive contre Tripoli.
Elena Souponina, conseillère du directeur de l'Institut russe d'études stratégiques, a noté hier que la poursuite de l'escalade militaire était une erreur de la part de Khalifa Haftar, car il aurait déjà pu utiliser les résultats de l'avancée sur Tripoli pour affirmer ses positions. D'un point de vue logique, explique l'expert, cette version paraît légitime, mais pour l'instant différents scénarios sont envisageables. Elena Souponina a rappelé qu'il était prévu d'organiser en avril une conférence pour la réconciliation des belligérants du long conflit libyen sous l'égide de l'Onu.
«Il est évident que les contradictions entre les différentes forces qui ont fait surface au cours de sa préparation, notamment concernant le contrôle de champs pétroliers, étaient très aiguës. Et dans ces conditions Haftar a visiblement décidé de montrer qui était le patron en Libye», analyse l'experte.
Et d'ajouter qu'indépendamment de l'issue de l'escalade actuelle, la situation générale dans le pays restera probablement instable pendant encore longtemps.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.