Lutte anticorruption sous influence: l’armée algérienne met les points sur les i

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Dans un communiqué, l’armée algérienne nie toute «injonction» de sa part dans la lutte contre la corruption ayant abouti à l’incarcération de plusieurs hommes d’affaires et hauts responsables de l’État. Elle réitère également sa détermination à garantir à la justice les conditions du «libre exercice de ses fonctions sans contraintes ni pressions».

Sur fond d'opération mains propres à laquelle a appelé le chef d'État-major de l'Armée nationale populaire (ANP) algérienne, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, des hommes d'affaires puissants et hauts cadres du ministère de l'Industrie ont été placés sous mandat de dépôt. Mercredi 24 avril, le journal francophone algérien El Watan a publié un article sous le titre: «Traitement des dossiers de corruption avant le règlement de la crise: la justice a-t-elle obéi à Gaïd Salah?» Dans son papier, l'auteur se demande si ces actions anticorruption sont «une réelle opération "mains propres" ou seulement des "règlements de comptes" sur injonctions du chef d'État-major de l'ANP?»

Corruption - Sputnik Afrique
Ex-ministre algérien sur la lutte anticorruption en Algérie: une «phase révolutionnaire»
Le ministère algérien de la Défense nationale (MDN) a réagi à cet article par un communiqué, sans pour autant nommer le quotidien. Il y dénonce «une tentative de désinformation avérée» du discours tenu mardi 23 avril par M.Gaïd Salah à la 1ère région militaire, à Blida, à l'ouest de la capitale Alger.

«Le Ministère de la Défense Nationale dément catégoriquement les allégations rapportées par les rédacteurs de ces articles diffamatoires, notamment en ce qui concerne les pseudos "injonctions"» du chef de l'armée «dans l'ouverture des dossiers liés à la corruption et en matière de gestion de la période de transition politique», informe le communiqué.

Le MDN «qui enregistre avec étonnement cette interprétation malintentionnée, réitère la ferme détermination de l'ANP […] à l'accompagnement du mouvement populaire dans son œuvre de construction démocratique et offrir des garanties suffisantes aux instances judiciaires pour le libre exercice de leurs fonctions sans contraintes ni pressions, notamment en terme de lutte contre la corruption et de dilapidation des deniers publics», poursuit la note.

Manifestation en Algérie - Sputnik Afrique
Un ex-colonel des services algériens détaille à Sputnik la lutte anticorruption en Algérie
Ce jeudi 25 avril, dans un entretien au site d'information Tout sur l'Algérie (TSA), le politologue Slimane Aradj, professeur à l'université d'Alger, affirme que «ce dont a parlé le général Gaïd Salah est une valorisation des poursuites entreprises par la justice, il n'a pas donné d'ordre à l'appareil judiciaire».

«Il n'y a pas d'ordre de l'armée [à la justice, ndlr]. […] Tout le monde sait que la corruption était partout et touchait même les institutions de l'État algérien», insiste-t-il, ajoutant que «les médias ont échoué à faire la lecture d'un discours». Il met l'accent sur le fait qu' «un discours ne s'interprète pas à partir d'un seul mot mais dans sa globalité».

Manifestations en Algérie - Sputnik Afrique
Algérie: «la crise économique risque d’annihiler le caractère pacifique de la révolution»
Dans un entretien accordé à Sputnik, Ali Benouari, ancien ministre du Trésor et expert international en finances, avait qualifié les arrestations menées dans le cadre de la lutte anticorruption de positives. Il avait expliqué la portée de l'appel lancé par le chef de l'armée à la justice pour accélérer la prise en charge du dossier de la corruption et affirmé qu'«on ne peut pas comprendre les décisions du chef d'État-major si on ne situe pas ces arrestations, ou les initiatives qu'il prend, dans le contexte révolutionnaire». «C'est une phase révolutionnaire qui a lieu aujourd'hui en Algérie», avait-t-il résumé.

Les 22 et 23 avril, le tout puissant homme d'affaires algérien Issad Rebrab, PDG du groupe agroalimentaire Cevital, les frères Kouninef et Ali Haddad réputés proches de Saïd Bouteflika, ainsi que huit cadres du ministère algérien de l'Industrie ont été tous placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger.

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