Les réactions n'ont pas tardé au Cameroun, après l'adoption, jeudi 18 avril, d'une résolution du Parlement européen (PE) au sujet de la détérioration du climat politique et sécuritaire dans le pays. Le gouvernement de Yaoundé a formellement répondu aux eurodéputés via une déclaration à la presse de son porte-parole, dans la nuit de lundi 22 avril.
«Le Gouvernement camerounais s'élève radicalement contre cette résolution du Parlement européen et exprime son indignation face à un acte empreint de partialité, qui s'apparente à une kyrielle de contre-vérités, d'affirmations gratuites, de récriminations infondées et d'injonctions assorties de chantage, dirigées contre les autorités camerounaises et nos Forces de Défense et de Sécurité», a déclaré René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement.
Au sujet de la crise séparatiste en cours dans les régions anglophones du pays, René Emmanuel Sadi, tout en listant les mesures prises par Paul Biya dans la résolution du conflit, parmi lesquelles la mise sur pied d'un comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration des bandes armées, le lancement d'un plan d'urgence humanitaire, la libération de plus de 200 prisonniers ou l'accélération de la décentralisation du pays, précise par ailleurs à l'endroit du parlement européen qu'il
«est spécieux, voire inexact d'affirmer que "des tensions existent entre francophones et anglophones, que les régions anglophones subissent des discriminations"» et s'inscrit en faux contre les accusations «d'exactions et autres graves atteintes aux droits de l'Homme dirigées sur des cibles civiles» portées à l'endroit de ses forces armées.
Réagissant par ailleurs à la détention, qualifiée «d'arbitraire» par le PE, de Maurice Kamto, des membres et sympathisants de son parti politique,
«l'arrestation de Monsieur Maurice Kamto et ses partisans, ainsi que leur mise en détention provisoire, sont clairs et conformes aux lois et règlements du Cameroun, ainsi qu'aux conventions internationales auxquelles notre pays a librement souscrit. On ne saurait par conséquent qualifier d'arbitraires l'arrestation ou la mise en détention de ces justiciables de droit commun», a souligné le porte-parole du gouvernement camerounais.
Cette réponse du porte-parole du gouvernement de Yaoundé n'est pas la seule enregistrée après ce tacle du Parlement européen. Au lendemain de la résolution, le Sénat et l'Assemblée nationale du Cameroun sont montés au créneau. Dans un communiqué publié samedi 20 avril, dont Sputnik a eu copie, Marcel Niat Njifenji, le président du Sénat camerounais, s'insurge contre les affirmations contenues dans ladite résolution, qui déroule d'après lui «une litanie de contre-vérités sur la situation sociopolitique et sécuritaire au Cameroun».
«Le Sénat de la République du Cameroun, tout en dénonçant la campagne de dénigrement dont notre pays est l'objet, en appelle à la compréhension de ses partenaires de l'Union européenne, plus particulièrement ceux qui, comme le Cameroun, ont été ou sont confrontés à la menace séparatiste et/ou aux violences terroristes qui affectent le quotidien des populations», écrit le président du Sénat, qui invite par ailleurs une délégation de députés européens à Yaoundé «afin que ces derniers se fassent eux-mêmes leur propre opinion sur la situation sociopolitique et sécuritaire du Cameroun.»
Pour rappel, le 18 avril dernier, le Parlement européen a adopté une résolution qui remet en cause les efforts des autorités camerounaises dans leur volonté de faire face aux problèmes auxquels est confronté le pays. Dans cette résolution, le Parlement européen s'est prononcé sur la gestion de la crise qui secoue les régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest d'une part, et la situation sociopolitique et sécuritaire du Cameroun d'autre part.
L'arrestation de Maurice Kamto et de ses partisans a créé un nouveau foyer de tension dans un pays qui fait déjà face à la violente crise séparatiste de ses régions anglophones. Depuis plus de deux ans, la crise sociopolitique qui secoue le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les deux régions anglophones du pays (qui représentent environ 20% de la population) s'est transformée en affrontement armé entre forces de défense et de sécurité camerounaises et militants séparatistes.