Les ambitions de la Chine seront sous le feu des projecteurs cette semaine, lorsque 37 chefs d'État, dont le président russe Vladimir Poutine, se rendront à Pékin pour assister au forum «La Ceinture et la Route» — le deuxième en moins de deux ans. Par contre, ni l'Inde ni les États-Unis n'y enverront leurs hauts représentants, écrit le site d'information Vestifinance.
Au premier forum «La Ceinture et la Route» en mai 2017, Xi Jinping avait parlé des anciens itinéraires de la Route de la soie comme d'un «grand patrimoine de la civilisation humaine». Il avait expliqué comment la Nouvelle route de la soie compléterait les stratégies de développement de différents pays. Plus de 100 pays et organisations internationales avaient affiché leur soutien à ce projet.
Yun Sun, l'une des directrices du programme pour l'Asie de l'Est du Centre Henry Stimson de Washington, note que «La Ceinture et la Route» poursuit aussi bien des fins économiques que stratégiques.
«Cette initiative aide la Chine à absorber les capacités économiques intérieures excessives, à élargir les marchés extérieurs et les relations commerciales, à renforcer les relations politiques avec les pays-bénéficiaires, les liens militaires et l'influence en matière de sécurité. En fin de compte, tout cela contribue à la formation d'un nouvel ordre où la Chine joue un rôle bien plus notable», déclare-t-elle.
De nombreux spécialistes disent que l'intégration progressive de l'Europe et de l'Asie pourrait changer l'ordre économique et politique mondial en remplaçant les itinéraires transatlantiques dominants dans le commerce mondial. Selon un rapport de la banque ING publié l'an dernier, le commerce entre l'Asie et l'Europe (commerce entre les pays de l'UE mis à part) a atteint 28% des échanges mondiaux. La facilitation des flux commerciaux entre les pays situés le long des corridors de «La Ceinture et la Route», notamment en Europe de l'Est et centrale, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, pourrait augmenter le commerce international de 12%.
Toutefois, beaucoup d'opposants au projet, notamment les élites politiques aux États-Unis et dans les pays alliés, ne craignent pas seulement que la Nouvelle route de la soie soit de mauvaise qualité et représente des pièges de dette, mais également que Xi Jinping cherche à défier les systèmes occidentaux-centriques de commerce et de contrôle existants.
Pékin nie systématiquement les affirmations selon lesquelles il aurait utilisé l'initiative «La Ceinture et la Route» comme un moyen de renforcer son influence politique. En mars, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a déclaré que cette initiative n'était pas «du tout un piège de dette» et qu'elle serait bénéfique pour la population du monde entier. «Ce n'est pas un instrument géopolitique mais une opportunité pour de nombreux pays de se développer ensemble», avait-il souligné.
George Magnus, chargé de recherches au China Centre de l'Université d'Oxford, note que «La Ceinture et la Route» est une réponse ou une alternative de la Chine au dit «ordre financier économique et international néolibéral».
«L'objectif de la Chine ne consiste pas à perturber l'ordre mondial [ce qui l'affecterait], mais à l'orienter davantage sur ses propres intérêts et règles de conduite», conclut-il.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.