Dans une allocution télévisée, le ministère soudanais de la Défense a confirmé ce jeudi la dissolution du gouvernement et a annoncé la mise en place d'un conseil militaire voué à diriger le pays pendant deux ans. La destitution du Président Omar el-Béchir a également été confirmée.
Ces informations ont été confirmées par Adel Mahjoub Hussein, ministre de la Production et des Ressources économiques du Darfour du Nord ainsi que par deux responsables soudanais haut placés cités par Associated Press.
Arrestations des ministres et des proches du Président
Selon Al Hadath, certains ministres et proches du chef de l'État, dont l'ancien ministre de la Défense Abdel Raheem Muhammad Hussein et le président du parti du Congrès national Ahmad Harun, ont été arrêtés.
Au total, environ 100 responsables auraient été arrêtés.
Des sources citées par Reuters affirment qu'Omar el-Béchir se trouve dans sa résidence présidentielle «sous étroite surveillance».
Création d'un conseil de transition
Une source militaire a déclaré à Sputnik que l'armée nationale annoncerait bientôt la création d'un conseil dirigé par les militaires.
Plus tôt, la télévision d'État soudanaise avait informé que l'armée entendait diffuser «une importante déclaration».
— Bastien Renouil (@bastien_rnl) April 11, 2019
Situation dans la capitale soudanaise
Selon Reuters, des personnes scandent dans les rues de Khartoum: «Il est tombé, nous avons gagné!».
— Benjamin Strick (@BenDoBrown) April 11, 2019
L'agence informe également que des véhicules militaires soudanais étaient déployés jeudi matin sur les ponts enjambant le Nil et dans les grandes artères de la capitale.
Selon les médias, l'aéroport de Khartoum a été fermé.
Les organisateurs des contestations cités par l'AFP appellent les manifestants à ne pas attaquer les biens publics.
Des témoins ont déclaré à Reuters que des soldats avaient fait un raid sur le siège du mouvement islamique d'Omar el-Béchir. Ce mouvement fait partie du Congrès national au pouvoir au Soudan.
Libération des prisonniers politiques
Les services de renseignement soudanais, cités par l'agence de presse locale Suna, ont annoncé la libération de tous les prisonniers politiques.
Réaction de Moscou
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré ce jeudi que Moscou suivait la situation au Soudan en espérant qu'il n'y aurait pas d'escalade de la situation. Il a qualifié les évènements survenus à Khartoum d'affaire intérieure soudanaise.
«Nous suivons cette situation de près et nous espérons que, en premier lieu, il n'y aura aucune escalade qui puisse entraîner des victimes, et […] que la situation reviendra prochainement dans un cadre constitutionnel», a précisé M. Peskov.
Manifestations au Soudan
Depuis plusieurs mois, le pays est secoué par les manifestations. Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, elles se sont rapidement transformées en un mouvement de contestation contre M. Béchir, à la tête du pays depuis 1989.
Dès le samedi 6 avril, des milliers de Soudanais ont commencé à se réunir devant le quartier général de l'armée afin de défier le pouvoir d'Omar el-Béchir. Les manifestants ont fait face à plusieurs reprises à des assauts du service de renseignement NISS, qui a tenté en vain de les disperser à l'aide de gaz lacrymogènes, selon les organisateurs des manifestations cités par l'AFP.
L'agence de presse Suna a rapporté que 11 personnes, dont six membres des forces de l'ordre, sont décédées le 9 avril dans des incidents similaires.
Détails à suivre