«La crise libyenne est le résultat de la campagne désastreuse de l’Otan en 2011»

© AFP 2023 MAHMUD TURKIATripoli, capitale libyenne
Tripoli, capitale libyenne - Sputnik Afrique
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Le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres a fermement condamné l'escalade de la violence en Libye. Il a exigé un arrêt immédiat des combats. Cet appel fait suite à l’attaque de l’aéroport de Mitiga, à l’est de la capitale Tripoli, par l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar. Sputnik a discuté de la situation avec deux analystes.

Alors que l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar poursuit son offensive sur Tripoli où siège le Gouvernement d'union nationale, la situation en Libye se caractérise par la plus grande incertitude, et une éventuelle ingérence étrangère n'est sans doute pas à exclure, notamment sous forme de frappes aériennes, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Jalel Harchaoui, chercheur à l'Institut Clingendael de La Haye.

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«Et ce ne serait forcément pas une ingérence de la part d'un pays occidental, vu l'aspect juridique du problème. […] Sur le plan militaire, l'Égypte et les Émirats arabes unis pourraient, par exemple, s'ingérer car ils ont déjà juridiquement montré leur penchant pour des violations de lois internationales et ce, sans rencontrer de sérieux problèmes. Par conséquent, une telle perspective est tout à fait réelle», a poursuivi l'expert.

Et d'ajouter qu'il ne considérait pas personnellement le chaos actuel en Libye comme une conséquence directe et inévitable de l'intervention de l'Occident en 2011.

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«Il est évident que les pays occidentaux n'ont pas une belle réputation, mais la crise libyenne dans son dernier stade n'est pas le fruit de la politique de l'Occident. […] À mon avis, c'est une crise arabe», a résumé M.Harchaoui.

Le professeur en relations internationales Mohammed Issam Laaroussi, du programme du Proche-Orient au centre TRENDS Research & Advisory, basé à Abu Dhabi, a cependant exposé un autre point de vue dans son commentaire à l'intention de Sputnik.

Depuis le renversement du gouvernement de Mouammar Kadhafi, à l'instar d'autres acteurs régionaux, les États-Unis exercent une influence excessive sur la crise libyenne, a notamment indiqué M.Laaroussi.

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«Exerçant une influence excessive sur la crise libyenne et propageant le chaos en Afrique du Nord, Washington reconnait sa participation, bien qu'indirecte, dans les guerres ravageant cette région déjà très instable. La crise libyenne est le résultat de la campagne désastreuse de l'Otan en 2011», a relevé le politologue.

Et de constater que, comme résultat, la Libye était devenue un pays raté et un "trou noir" pour les terroristes, le trafic d'armes et des flots de migrants clandestins.

«Je pense que la future conférence et les efforts de paix déployés par [le secrétaire général des Nations unies, ndlr] Antonio Guterres représentent la dernière chance pour un règlement pacifique du conflit en Libye. Sinon, la crise libyenne n'aura que deux issues possibles: une impasse infinie ou un conflit militaire», a conclu Mohammed Issam Laaroussi.

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La semaine dernière, le commandant en chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), Khalifa Haftar, avait donné l'ordre à ses forces d'entamer une marche vers Tripoli, siège du gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par Fayez el-Sarraj et reconnu par la communauté internationale.

Le 5 avril, les troupes du maréchal Khaftar ont atteint les banlieues de la capitale et pris le contrôle de l'aéroport international de Tripoli.

La Libye est plongée dans le chaos depuis le renversement du gouvernement et le meurtre de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est divisé entre plusieurs entités rivales, avec notamment la présence à Tripoli du gouvernement d'union nationale de Fayez el-Sarraj, soutenu par l'Onu et l'UE, et dans l'est, d'un parlement élu par le peuple et appuyé par l'Armée nationale libyenne du maréchal Haftar.

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