Défense à la chinoise: Pékin accroît ses importations pétrolières d'Iran et du Venezuela

© AFP 2024 Juan Barreto Venezuela's oil company PDVSA
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Entre janvier et mars 2019, les livraisons de pétrole par cargo vers la Chine ont augmenté de 78% depuis l'Iran et de 192% depuis le Venezuela. Pékin est le plus grand créancier de Caracas et investit également de manière active dans les projets de Téhéran.

A présent, selon les experts, la Chine tente d'aider ses partenaires énergétiques visés par des sanctions économiques américaines. Selon les observateurs, la Chine agit également ainsi pour se protéger contre la pression des Américains, écrit le site de la chaîne RT.

La Chine a accru ses achats de pétrole à l'Iran et au Venezuela depuis le début de l'année. Entre janvier et mars, les livraisons pétrolières par la mer en provenance de la république islamique ont augmenté de 78% (de 431.100 à 767.200 barils par jour), et de 192% (de 84.200 jusqu'à 246.800 barils) depuis le pays latino-américain, selon le site d'information Tanker Trackers.

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Les analystes de RT expliquent que les achats actifs de pétrole iranien et vénézuélien par la Chine s'expliquent par la volonté de Pékin de soutenir ses partenaires énergétiques qui subissent la pression des États-Unis. Fin janvier, Washington a décrété des restrictions contre la plus grande compagnie pétrolière du Venezuela, Petróleos de Venezuela, S.A. (PDVSA). Les USA ont bloqué au total 7 milliards de dollars d'actifs de la compagnie. D'ici 2019, le manque à gagner de PDVSA à cause des sanctions devrait s'élever à près de 11 milliards de dollars, avait déclaré le conseiller du président américain à la sécurité nationale John Bolton.

Selon l'Agence d'information sur l'énergie (Energy Information Administration, ou EIA), mi-mars Washington avait déjà complètement suspendu ses achats de pétrole à Caracas. Dans ces conditions, selon les statistiques de l'Opep, le montant total de la production pétrolière au Venezuela a diminué de 164.000 barils par jour entre janvier et février, pour atteindre 1 million de barils.
Toutefois, les autorités de l'Etat latino-américain ont immédiatement réagi aux actions des USA en augmentant les exportations d'hydrocarbures à destination de l'Asie.

D'après Tanker Trackers, en février la part des USA dans les fournitures pétrolières par la mer en provenance du Venezuela est passée de 21% à zéro, tandis que la part de la Chine a augmenté de 7% à 39%.

Comme l'a déclaré Alexeï Maslov, directeur de l'École d'études orientales du Haut collège d'économie, à l'heure actuelle Pékin est le plus grand créancier de Caracas. De cette manière, dans le contexte de la crise politique et économique au Venezuela, la Chine s'efforce de protéger ses investissements financiers par d'importants achats de pétrole.

«La Chine a énormément investi au Venezuela, et à présent Caracas tente de rembourser sa dette par les fournitures pétrolières. En d'autres termes, l'argent investi est amorti aujourd'hui. Sachant que le maintien au pouvoir du gouvernement actuel de Maduro est primordial pour la Chine afin que ces livraisons se poursuivent», précise l'expert.

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D'après les estimations de la société vénézuélienne Ecoanalitica, en janvier la république latino-américaine avait accumulé une dette de 21 milliards de dollars face à la Chine, écrit sur Twitter le directeur de la compagnie, Asdrubal Oliveros. De son côté, Natalia Miltchakova, directrice adjointe du centre analytique Alpari, a noté que le montant total des investissements chinois au Venezuela était compris entre 50 et 70 milliards de dollars, selon les estimations.

L'expert pense que Pékin est également préoccupé par la protection de ses intérêts nationaux en Iran. Le 8 mai 2018 les États-Unis se sont retirés de l'accord nucléaire avec la république islamique et ont annoncé le rétablissement des sanctions contre cette dernière. Les restrictions principales sont entrées en vigueur le 5 novembre et s'appliquent au secteur énergétique et aux opérations avec la Banque centrale iranienne.

Selon le département d'État américain, l'objectif principal de ces sanctions consiste à réduire à néant les revenus que l'Iran tire des ventes pétrolières. Par ailleurs, la Maison blanche a accordé un sursis de 180 jours à certains grands importateurs d'hydrocarbures iraniens. Ainsi, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Inde, la Grèce, l'Italie, la Turquie et Taïwan peuvent librement acheter des hydrocarbures iraniens jusqu'au 5 mai 2019.

Pendant ces six mois, selon l'idée des Américains, les partenaires de l'Iran devront restructurer leurs importations jusqu'à renoncer totalement à la coopération avec Téhéran. 23 États ont déjà entièrement cessé les achats de pétrole iranien, a déclaré ce 2 avril le représentant spécial des USA pour l'Iran Brian Hook.

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Malgré tout, selon une étude de Tanker Trackers, entre janvier et mars la part de la Chine dans les livraisons pétrolières par cargo en provenance d'Iran a augmenté de 29,3% jusqu'à 42,6%.

«La dette de l'Iran devant la Chine n'est pas aussi élevée que celle du Venezuela, mais Téhéran reste l'un des principaux fournisseurs pétroliers de la Chine. En outre, les compagnies chinoises souhaitent travailler sur les champs pétroliers iraniens, tout en sachant que Pékin investit dans certains projets d'infrastructure dans la république islamique. Par conséquent, la Chine tente effectivement d'apporter un soutien économique à ses partenaires pour compenser les sanctions américaines contre ces pays», a déclaré Natalia Miltchakova.

Selon Alexeï Maslov, ce partenariat énergétique actif avec l'Iran et le Venezuela est aussi directement lié à la tension dans les relations entre la Chine et les USA. D'après l'expert, même en cas de signature d'un accord commercial et de fin de la guerre de taxes entre les deux pays, Washington continuera de faire pression sur Pékin. C'est pourquoi la Chine essaie de renforcer la coopération avec d'autres partenaires.

«La Chine importe essentiellement son pétrole et son gaz de Russie, des pays du Golfe et des USA. Mais il s'avère que les USA peuvent bloquer les acheminements de leurs hydrocarbures en Chine, ainsi qu'influer négativement sur les fournitures pétrolières du Moyen-Orient. Sur ce fond, Pékin cherche des sources d'approvisionnement alternatives», analyse Alexeï Maslov.

Le pétrole en soldes

Parallèlement à l'augmentation des importations pétrolières d'Iran et du Venezuela, la Chine a dû réduire ses achats d'hydrocarbures russes. Selon la direction chinoise des douanes, en février les fournitures d'hydrocarbures russes ont chuté de presque 17%, jusqu'à 5,74 millions de tonnes.

Comme l'a expliqué l'analyste Alen Sabitov de Freedom Finance, les sanctions américaines forcent l'Iran et le Venezuela à vendre leur pétrole à la Chine à un tarif préférentiel. D'après l'expert, à l'heure actuelle, le pétrole vénézuélien est vendu avec une remise de 30%, et son analogue iranien 10% de moins que le cours du baril de Brent.

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L'information de l'analyste est confirmée par les statistiques officielles chinoises. La direction des douanes indique qu'en février, la Chine a acheté du pétrole à la Russie et à l'Arabie saoudite en moyenne pour 443 et 452 dollars la tonne respectivement, et pour 437 et 340 dollars la tonne à l'Iran et au Venezuela.

«Les actions de la Chine s'expliquent également par la hausse de la demande mondiale en pétrole lourd à cause des sanctions anti-vénézuéliennes. Le géant chinois PetroChina tire des recettes supplémentaires grâce à la revente du pétrole lourd vénézuélien sur le marché car il lui coûte moins cher du fait des sanctions», ajoute Alen Sabitov.

Natalia Miltchakova pense que dans le contexte des restrictions américaines actuelles, Pékin continuera d'acheter des quantités supplémentaires de pétrole à Caracas et à Téhéran. Dans le même temps, selon l'analyste, dans les conditions actuelles la Chine ne réduira pas significativement ses importations pétrolières de Russie.

«La Russie livre du pétrole à la Chine notamment en échange de yuans, par conséquent la Russie est également un fournisseur bénéfique qui accepte les conditions de l'acheteur. De surcroît, les intérêts des deux pays visant à réduire l'influence du dollar dans le monde coïncident», conclut l'experte.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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