Ces dernières années, on évoque souvent l'«expansion» russe en Afrique, indique le quotidien Vzgliad. Et voici un nouveau pays africain dans son collimateur. Tout au long de l'année 2018 on a parlé de la Centrafrique, où avaient été trouvés plusieurs dizaines de conseillers russes. Récemment a été évoqué le cas de Madagascar où des consultants politiques russes auraient travaillé lors de la présidentielle.
Il s'agit du premier voyage de ce dernier en Russie en tant que chef d'État après son élection il y a un an et demi, mais ce n'est pas sa première rencontre avec Vladimir Poutine. Les deux Présidents s'étaient rencontrés l'an dernier en Afrique du Sud, où le chef de l'État russe s'était rendu pour assister au sommet des Brics. Leur rencontre avait commencé par les salutations réciproques d'usage, mais ce que le Président angolais avait dit à son homologue russe reflétait assez clairement l'attitude de son pays envers la Russie:
«Pendant la Guerre froide, beaucoup nous considéraient comme des terroristes. Vous faisiez partie des rares qui nous voyaient comme un peuple ayant le droit de se battre pour son indépendance. En 42 ans d'indépendance angolaise, la Russie ne nous a jamais tourné le dos, elle était toujours de notre côté et nous a aidé à combattre le régime d'apartheid. Soyez certains que le peuple angolais n'oubliera jamais l'amitié entre nos pays, qui a été forgée dans la lutte. Nous savons également que certains citoyens russes sont morts en combattant pour l'indépendance de l'Angola».
Joao Lourenço dirige le pays depuis 2017 seulement, après un règne de presque 40 ans de José Eduardo dos Santos, également diplômé d'une université soviétique (l'École supérieur du pétrole de Bakou). Après la chute de l'URSS, l'Angola s'est transformé et passé du socialisme au modèle social-démocrate, et les proches de Santos ont progressivement occupé divers postes importants tant bien dans le monde des affaires qu'au sein du pouvoir politique.
Il y a deux ans, José Eduardo dos Santos, alors âgé de 75 ans, a décidé de ne pas se représenter, et sur sa proposition c'est Lourenço, ministre de la Défense, qui a été élu. Ce dernier n'est pas devenu un Président nominal: les proches de José Eduardo dos Santos ont perdu leurs postes de direction dans différentes compagnies (sa fille aînée Isabel dos Santos n'est plus à la tête de la compagnie pétrolière publique) et dans le service public, l'un des fils de l'ex-Président a même été arrêté. L'automne dernier, José Eduardo dos Santos a cédé sa place de chef du Mouvement populaire de libération de l'Angola à Joao Lourenço, marquant ainsi la fin de la passation du pouvoir.
Moscou s'est très sérieusement préparé pour la visite actuelle de Joao Lourenço. Deux hauts représentants chargés de la politique étrangère russe se sont rendus à Luanda l'an dernier: Sergueï Lavrov et Nikolaï Patrouchev. Joao Lourenço connaît également Sergueï Choïgou, avec qui il a mené des négociations en 2015 en tant que ministre de la Défense.
Par conséquent, la rencontre avec Vladimir Poutine ne sera pas du tout protocolaire. Les deux chefs d'État ont des sujets à aborder. Le renforcement des relations est souhaité par les deux parties, et la Russie pourrait donc considérablement renforcer ses positions en Angola. Et il ne s'agit pas de fournitures d'armes. Même si elles sont importantes et seront évoquées (les Angolais disposent de l'un des plus importants budgets militaires d'Afrique).
«La coopération économique entre nos pays est encore loin du niveau souhaitable. Si l'on met de côté l'industrie du diamant et du pétrole, les investissements directs de la Russie en Angola sont pratiquement nuls, c'est pourquoi nous jugeons important d'élargir la coopération et de l'étendre à d'autres secteurs».
Certes, dans les années 1990, la Russie avait annulé 3,5 milliards de dollars de la dette de l'Angola, d'un total de 5 milliards de dollars, en échange de la livraison d'armes soviétiques, mais la situation est foncièrement différente aujourd'hui, aussi bien en Russie qu'en Angola. Le nettoyage par Joao Lourenço de l'héritage corruptionnel de José Eduardo dos Santos ouvre des portes à la coopération économique.
A l'heure actuelle, les positions de la Chine sont très fortes en Angola, et les Portugais y sont revenus en force. Toutefois, avec le temps, l'ancienne métropole risque de se transformer en une sorte d'appendice économique de sa colonie si l'Angola maintient et augmente sa croissance.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.