En 2015, la française Marine Richard a obtenu devant la justice que l'État lui verse une allocation pour le handicap que constituait son électro-hypersensibilité. Ce terme regroupe différents symptômes pénibles comparables à une sorte d'allergie aux émissions des appareils électroniques, des lignes à haute tension ou d'autres sources d'ondes électromagnétiques. Marine Richard s'est notamment plainte de maux de tête, de fatigue, de nausées et d'accélération du rythme cardiaque.
Une «maladie» sans raison apparente
Les premières mentions de l'électro-hypersensibilité dans la littérature scientifique datent du milieu du XXe siècle. L'Organisation mondiale de la santé a organisé en 2014 un séminaire consacré à ce problème. Et bien que les experts aient confirmé la réalité des symptômes douloureux, il n'existe toujours aucune preuve du fait qu'ils sont provoqués par les émissions électromagnétiques des appareils électroniques ou d'autres sources d'ondes faibles.
Les experts français sont parvenus à la même conclusion il y a un an. Après avoir analysé les publications scientifiques et consulté des spécialistes, ils ont établi l'absence de données authentiques nécessaires pour confirmer l'électro-hypersensibilité. Ils ont pourtant recommandé aux médecins de faire attention aux plaintes des patients.
La plupart des scientifiques qui étudient l'électro-hypersensibilité lient cette dernière à l'effet nocebo: autrement dit, si l'on demandait à une personne si elle éprouvait des troubles à proximité d'une antenne radio, elle se mettrait à rechercher des symptômes et les trouverait assez souvent. Le problème réside dans l'absence de toute information objective sur l'influence des appareils électroniques sur la santé: toutes les données disponibles ont été obtenues grâce aux questionnaires.
Les personnes souffrant d'électro-hypersensibilité se plaignent le plus souvent de fatigue, de maux de tête, de difficultés cognitives, de perte de mémoire, d'insomnies, d'éruptions cutanées ou encore de douleurs dans différentes parties du corps. La dépression, le stress et l'angoisse sont également fréquents.
Ces personnes peuvent avoir d'autres particularités, notamment une sensibilité accrue à un grand nombre de substances chimiques qui n'est pas non plus considérée comme une maladie.
Maël Dieudonné et ses collègues ont récemment publié les résultats de leur étude qui avait permis à l'aide du sondage des patients de comparer les symptômes de l'électro-hypersensibilité à ceux de la fibromyalgie (des douleurs musculaires diffuses qui n'ont aucune raison apparente). Les scientifiques ont établi beaucoup de similitudes entre ces cas, bien que les patients souffrant de fibromyalgie affichaient un nombre plus important de troubles psychologiques.
Seulement 18% éprouvaient des symptômes douloureux quotidiennement, alors que 47,6% ne les remarquaient que quelques fois par mois. En même temps, la majorité souffrait d'électro-hypersensibilité depuis des années et tentait — avec succès — d'éviter les sources d'émissions. Seules quelques personnes avait consulté un médecin à ce sujet.