La crise au Venezuela s'est transportée jusqu'au Québec, où vivent quelques milliers de Néo-Québécois d'origine vénézuélienne. Alors que des ONG s'activent pour venir en aide aux personnes affectées, chroniqueurs et politiciens débattent encore du meilleur candidat à soutenir. Appuyer le Président Maduro ou le Président autoproclamé Guaidó? Dans la Belle Province, les avis sont partagés.
Le 7 février 2019, le Parti québécois (PQ) a proposé que «l'Assemblée nationale reconnaisse Juan Guaidó en tant que Président intérimaire du Venezuela». Une proposition appuyée par le parti au pouvoir, la Coalition Avenir Québec (CAQ), et le Parti libéral du Québec (PLQ). La motion parlementaire demandait aussi «la fin des violations des droits de l'homme et la tenue d'élections libres». La motion n'a pu être adoptée, car elle a été rejetée par le parti de gauche Québec solidaire.
«Ce n'est pas aux élus de l'Assemblée nationale de choisir le Président du Venezuela. De voir le PQ, qui se dit indépendantiste, qui se dit souverainiste, qui se dit de gauche, se ranger derrière Justin Trudeau et Donald Trump pour appuyer l'ingérence américaine dans un conflit étranger, ça parle beaucoup de l'évolution du PQ», a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.
Le parti Québec solidaire condamne toute ingérence au Venezuela, mais ne soutient pas pour autant Maduro. Au Québec, le Parti vert est la seule formation médiatisée qui a décidé d'accorder sa confiance au Président Maduro. La porte-parole du parti en matière de relations internationales, Mme Mélanie Messier, est catégorique dans son communiqué de presse:
«À titre de porte-parole en relations internationales pour le Parti Vert du Québec, je dénonce le gouvernement du Canada pour son implication dans le revirement [renversement, ndlr] illégal de Nicolas Maduro, Président actuel du Venezuela. Les tensions entre le Président Maduro et son opposant Guaidó ont atteint leur sommet le mois dernier quand ce dernier a organisé un coup d'État se déclarant président du pays en "intérim"», est-il écrit dans le communiqué du Parti vert du Québec.
Une position sans équivoque
En entrevue avec Sputnik, Mme Messier a réitéré qu'elle condamnait le soutien du Canada à Guaidó. En se rangeant derrière ce dernier, le Canada appuierait un régime criminel, illégitime et peu soucieux de l'environnement:
«Guaidó promet de rouvrir l'industrie pétrolière et le marché vers les pays comme les États-Unis et le Canada. Guaidó promet de prendre les ressources et de les revendre à des pays riches. Au Parti vert du Québec, nous sommes contre ce type d'exploitation créant un déséquilibre entre les pays, d'autant plus qu'on veut limiter au maximum l'extraction du pétrole», a expliqué Mme Messier en entrevue avec Sputnik.
Mélanie Messier dénonce aussi «l'hypocrisie» du gouvernement libéral. Par exemple, elle ne s'explique pas que son pays dise défendre les droits de l'homme en demeurant l'allié de l'Arabie saoudite. Dans ce cas comme dans celui du Venezuela, le Canada n'agirait qu'en fonction de ses intérêts financiers:
«Le Canada est hypocrite dans cette histoire, parce qu'on soutient des pays comme l'Arabie saoudite. On lui envoie des chars d'assaut et des armes. L'Arabie saoudite est notre alliée alors qu'elle a créé une crise humanitaire au Yémen. Malgré les violations des droits humains, on la supporte et on continue à lui vendre de l'armement», a souligné Mélanie Messier.
«Le Canada suit beaucoup la politique étrangère des États-Unis. Nous devrions plutôt être capables de forger nos propres positions et de faire nos propres interventions. On pourrait dire que nous sommes les marionnettes des États-Unis en ce qui a trait aux politiques étrangères. […] Le Canada a peur de se différencier des États-Unis et de perdre leur soutien. Nous devrions nous affirmer davantage en tant que pays», a tranché l'interlocutrice de Sputnik.
Qui avait dit que les écologistes ne parlaient que d'environnement?