Au Québec, le mouvement souverainiste semble plus que jamais divisé. En octobre 2018, un parti nationaliste a remporté les élections provinciales, sans toutefois prôner la souveraineté du Québec. La Coalition Avenir Québec (CAQ) veut obtenir plus d'autonomie pour le Québec, mais sans le séparer du reste du Canada. Il s'agit d'une nuance de taille: dans la Belle Province, autonomie ne signifie pas toujours souveraineté.
«Pour la première fois en 50 ans, on aura en 2018 une élection qui ne sera pas quasi référendaire. Pour la première fois, ce qu'on appelle en anglais le "ballot question", ou en français "la question de l'urne", ce ne sera pas à propos de la souveraineté du Québec, mais à propos du parti qui a le meilleur programme», avait lancé M.Legault en août 2018, lors d'un rassemblement militant à Québec.
En 1994, au plus fort de son existence, le Parti québécois comptait 77 sièges à l'Assemblée nationale. À la dernière élection, il n'en a obtenu que dix. Tout récemment, avec le départ de la députée Catherine Fournier, son nombre de députés passait à neuf. En perdant son dixième député, le PQ est devenu la dernière opposition à l'Assemblée nationale.
Les souverainistes marginalisés à l'Assemblée nationale
Auteur de plusieurs articles sur la question, Alexandre Poulin attribue l'échec du mouvement souverainiste à plusieurs facteurs. Un peu comme l'actuel Premier ministre, il pense d'abord que l'axe gauche-droite est devenu plus important que le clivage souverainiste-fédéraliste:
«De 1970 à 1995, le clivage politique au Québec était celui entre les souverainistes et les fédéralistes. Peu à peu, avec la percée progressive de l'Action démocratique du Québec, fondée en 1994, un parti autonomiste et de centre droit, l'axe gauche-droite a commencé à avoir une influence plus forte. L'effritement de ce clivage, qui a été lent, est devenu total en octobre dernier: la souveraineté ne structure plus ni le système électoral, ni la vie politique», a affirmé M.Poulin en entrevue.
«Le mouvement souverainiste a échoué à faire du Québec un pays à deux reprises, de même qu'à lui donner l'impulsion nécessaire pour réformer la fédération canadienne. […] Certains prétendent que la crise du mouvement souverainiste est nouvelle, à tout le moins plus prononcée que jamais. Cette crise est la même depuis l'échec du deuxième référendum sur la souveraineté de 1995», a souligné l'interlocuteur de Sputnik.
La situation actuelle ne serait toutefois pas si dramatique. À défaut d'être majoritairement favorables à la souveraineté, les Québécois traverseraient actuellement une phase nationaliste et autonomiste. Une période historique qui pourrait de nouveau déboucher sur un projet d'indépendance.
Quel avenir alors pour le mouvement souverainiste? Il dépendrait surtout de possibles affrontements futurs avec l'État fédéral, des affrontements ayant pour base une révision de la Constitution. Le Premier ministre Justin Trudeau n'est toutefois pas favorable à une réouverture du dossier constitutionnel, notamment par crainte de la controverse. Précisons que ce document ne reconnaît toujours pas le Québec comme société distincte, ce que souhaiteraient de nombreux nationalistes dans la Belle Province.
«L'échec de négociations constitutionnelles, qui auraient pour but de modifier la Constitution canadienne, réveillerait peut-être la fibre souverainiste des Québécois. Pour l'heure, de telles négociations ne sont pas à prévoir dans un avenir rapproché et surtout pas avec Justin Trudeau», a souligné M.Poulin.
Les souverainistes québécois parviendront-ils à remonter la pente? L'espoir fait vivre, prétend le dicton.