François Legault relance la polémique: il n'y a «pas de culture islamophobe» au Québec

© AFP 2023 Fred Tanneau islam
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Les Québécois sont-ils islamophobes? Le débat est reparti de plus belle dans la Belle Province. Fort de sa grande popularité, le Premier ministre François Legault a tranché. Il estime qu'il n'y a pas de «culture islamophobe» au Québec, ce qui lui vaut bien des critiques. Les explications de Sputnik.

Islamophobes ou pas, les Québécois? François Legault a récemment déclaré qu'il n'y avait pas de «culture islamophobe» au Québec, tout en reconnaissant l'existence de groupuscules xénophobes.
En prenant la défense des Québécois, le Premier ministre de la Belle province depuis octobre 2018 marque sa différence avec son prédécesseur, Philippe Couillard, pour qui les Québécois faisaient souvent preuve d'intolérance. Une attitude dont les Québécois semblent lui savoir gré, puisque 63% d'entre eux se disent satisfaits du nouveau gouvernement, selon un récent sondage.

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La déclaration de Legault visait à rompre avec le discours de l'ancien gouvernement et à apaiser les tensions, deux ans après l'attentat à la Grande Mosquée de Québec, qui a fait 6 morts le 29 janvier 2017. Mais la déclaration du Premier ministre n'a pas eu l'effet escompté: il a plutôt été accusé de nier le climat d'intolérance qui existerait dans la Belle Province.

Une nouvelle manière de faire de la politique

Depuis quelques années, certaines organisations plaident pour l'instauration d'une journée nationale contre l'islamophobie dans plusieurs villes et provinces au Canada. Depuis l'attentat à la Grande Mosquée de Québec, ce projet revient souvent sur le devant de la scène. Le maire de Toronto, John Torry, a déjà fait du 29 janvier un jour de commémoration et de prévention de ce phénomène.

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Dans la foulée des récentes commémorations entourant cet attentat, Geneviève Guilbault, vice-Premier ministre du Québec, a ouvert la porte à l'instauration d'une journée nationale contre l'islamophobie. Quelques jours après, le Premier ministre François Legault a toutefois fait savoir qu'il ne l'instaurerait pas. Il faut préciser que la notion même d'islamophobie est contestée, ce que semble avoir pris en compte l'entourage du Premier ministre. La notion assimilerait parfois la critique d'une religion au racisme, ce qui nuirait au débat démocratique.

«Je ne pense pas qu'il y ait de l'islamophobie au Québec, je ne vois pas pourquoi il y aurait une journée contre l'islamophobie», a affirmé M. Legault en conférence de presse le 31 janvier à Gatineau.

Cette volte-face a rapidement fait réagir, malgré la popularité du Premier ministre. Deux partis d'opposition ont vivement dénoncé la position du gouvernement. Le Parti libéral du Québec (centre-droit) et Québec solidaire (gauche) contestent la lecture de M. Legault. La porte-parole des Solidaires, Manon Massé, estime que François Legault cache la réalité de l'islamophobie au Québec. C'est aussi le cas du chef par intérim du Parti libéral, Pierre Arcand.

​Le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) a affirmé que les propos tenus par le Premier ministre étaient insultants pour les musulmans du Canada. Le CNMC a exigé que M. Legault reconnaisse l'existence de l'islamophobie et d'autres formes de racisme au Canada. Des éditorialistes ont aussi demandé au Premier ministre de se rétracter. Sous la pression, François Legault a dû nuancer ses propos dès le lendemain de sa déclaration controversée.

«Il existe de l'islamophobie, de la xénophobie, du racisme, de la haine, mais pas de courant islamophobe. Le Québec n'est pas islamophobe ou raciste. Il n'y a pas de courant ni de culture d'islamophobie au Québec. Les Québécois sont ouverts et tolérants, et continueront de l'être», a indiqué le cabinet du Premier ministre pour préciser sa position.

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Avec son projet de loi sur la laïcité de l'État, le gouvernement Legault était déjà fortement critiqué par les défenseurs du multiculturalisme canadien. Rappelons que la Coalition Avenir Québec veut toujours interdire le port de signes religieux pour les personnes en position d'autorité, c'est-à-dire les juges, les policiers, les enseignants et les gardiens de prison.

Pour certains, l'application de cette politique de laïcité serait discriminatoire envers les personnes de confession musulmane. Le Premier ministre québécois entend toutefois garder le cap. Il vient tout juste d'annoncer qu'il entendait régler ce dossier d'ici l'été. En entrevue le 3 janvier avec la chaîne LCN, François Legault a affirmé que cette politique permettrait au contraire de lutter contre l'extrémisme et le racisme.

 

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