Crise humanitaire: 40.000 réfugiés nigérians forcés de quitter le Cameroun

© AFP 2024 PIUS UTOMI EKPEIUne ville de l'Etat de Borno, au Nigéria
Une ville de l'Etat de Borno, au Nigéria - Sputnik Afrique
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Près de 40.000 demandeurs d'asile nigérians, arrivés au Cameroun en janvier après des exactions de Boko Haram, ont été priés de rentrer chez eux, malgré l'insécurité qui y règne encore, selon Médecin Sans Frontières. L'ONG a exprimé mercredi 27 février son inquiétude sur la situation qui attend ces personnes à Rann, dans le nord-est du Nigéria.

«Aujourd'hui, nous voyons des personnes faire leurs bagages et quitter Goura pour retourner à Rann, après que les autorités camerounaises et nigérianes leur ai demandé de partir. Nous sommes extrêmement inquiets de ce qui va leur arriver de retour à Rann, où la situation sécuritaire est encore volatile et il n'y a pas d'assistance humanitaire», a déclaré Stéphanie Rémion, coordonnatrice des urgences de MSF à Goura, localité de la région de l'extrême-nord Cameroun.

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Il y a trois semaines, toute la population de la ville de Rann, dans le nord-est du Nigéria, a fui pour trouver refuge à Goura, au Cameroun. Près de 40.000 personnes vivent dans des abris de fortune depuis leur arrivée.

«Rann a été attaqué à plusieurs reprises ces derniers mois et plusieurs des patients que nous avons traités à Goura nous ont dit avoir fui parce qu'ils avaient peur. Ils ne veulent pas retourner là-bas. Il y a eu des cas de rougeole à Goura et si ça se répand à Rann, où il n'a pas d'accès aux soins médicaux, ce sera un désastre», précise Stéphanie Rémion.

En conséquence, la coordonnatrice des urgences de MSF à Goura alerte les autorités des deux pays:

«Nous en appelons aux gouvernements du Cameroun et du Nigéria à protéger ces populations vulnérables et à s'assurer qu'elles puissent être en sécurité à l'endroit de leur choix et qu'elles aient accès à l'essentiel en termes d'abris, de nourriture et de soins médicaux.»

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Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) déplorait déjà en janvier dernier l'expulsion par le Cameroun de plusieurs milliers de réfugiés vers l'État de Borno, au nord-est du Nigéria.

«J'appelle le Cameroun à maintenir ses portes ouvertes, ainsi qu'à mettre en œuvre la politique et les pratiques d'hospitalité, à cesser immédiatement de procéder aux retours forcés et à respecter pleinement ses obligations en matière de protection des réfugiés en vertu de sa propre législation nationale et du droit international», avait déclaré Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), dans un communiqué rendu public vendredi 18 janvier.

La panique a été déclenchée dans la ville de Rann au mois de janvier dernier après le retrait des troupes camerounaises, qui y avaient été déployées suite à l'attaque du 14 janvier, laquelle avait fait 14 morts. Boko Haram avait mis à sac une base de l'armée et avait incendié la ville, où étaient réfugiés plus de 35.000 déplacés. Cette localité, située à environ 175 km au nord de Maiduguri, la capitale de l'État du Borno, a été la cible d'une série d'attaques des djihadistes de Boko Haram durant ce même mois de janvier, donnant lieu à une situation chaotique et obligeant des milliers de gens à fuir en brousse et à quitter la ville pour se réfugier de l'autre côté de la frontière camerounaise.

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Boko Haram attaque régulièrement, depuis le mois de juillet 2018, les bases militaires dans l'État de Borno, faisant des dizaines, voire des centaines de morts. L'insurrection djihadiste, qui a débuté dans le nord-est du Nigéria en 2009, a fait plus de 27.000 morts et provoqué une grave crise humanitaire.
Le Cameroun héberge actuellement plus de 370.000 réfugiés, y compris 100.000 originaires du Nigéria.

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