Évoquant le transfert promis de la mission diplomatique du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, le ministre brésilien des Affaires étrangères Ernesto Araújo a déclaré que cette question était encore à l'étude. Selon ce dernier, si ce transfert a effectivement lieu, le gouvernement brésilien veut qu'il exerce un impact positif sur les relations tant avec Israël qu'avec l'ensemble du monde arabe et musulman.
Une telle possibilité est exclue, a déclaré dans un entretien accordé à Sputnik le spécialiste des relations internationales Tanguy Baghdadi, professeur à l'Université Veiga de Almeida (UVA).
«J'ai bien l'impression que Bolsonaro et le gouvernement temporisent en quelque sorte pour prendre cette décision afin de pouvoir évaluer la situation et comprendre ce qui serait mieux. En effet, transférer l'ambassade serait une mauvaise décision pour les États brésiliens qui ont voté pour Bolsonaro, ainsi que pour l'économie brésilienne. Par ailleurs, ne pas transférer l'ambassade reviendrait à violer la promesse donnée [par Jair Bolsonaro, ndlr] lors de la campagne présidentielle», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de souligner qu'à la différence des signaux envoyés par ses autorités actuellement en place, le Brésil s'était toujours distingué par un caractère très équilibré de sa politique extérieure.
L'expert a rappelé par ailleurs que les pays arabes et musulmans étaient de gros acheteurs de viande brésilienne. Au Brésil, l'industrie de la viande est inquiète de pouvoir perdre ses débouchés dans les pays arabes, fâchés par l'idée d'un transfert de l'ambassade brésilienne en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.
Une autre interlocutrice de Sputnik, Raquel Rocha, de l'Université de São Paolo (USP), a estimé pour sa part qu'il s'agissait d'une promesse dont la mise en application serait repoussée pendant de longues années.
«On aura toujours à l'idée qu'elle est examinée, mais ne sera forcément pas remplie», a précisé Mme Rocha.
La spécialiste a prévenu que ce transfert de l'ambassade pourrait avoir non seulement des conséquences économiques tout à fait évidentes, mais aussi politiques.
«Sur le plan politique, on nous critiquera certainement. […] Le fait qu'à présent le Brésil soutient un tableau géographique plus avantageux pour Israël est plutôt contradictoire du point de vue de la politique internationale. Et ce d'autant plus que ce soutien d'Israël est dicté par un ordre du jour religieux [il s'agit du lobby évangéliste, conservatif et pro-israélien au Brésil. Les évangélistes considèrent le retour des juifs dans la Terre Sainte, soit l'État hébreu, comme la condition sine qua non du second avènement du Christ, ndlr]», a résumé la Brésilienne.
Israël considère toute la ville de Jérusalem comme sa capitale, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel ils aspirent.