À l'occasion du 150e anniversaire de la classification périodique des éléments établie en 1869 par le chercheur russe Dmitri Mendeleïev, Sputnik a rencontré le directeur adjoint du Laboratoire des réactions nucléaires Fliorov à Doubna, Andreï Popeko, pour parler des perspectives des travaux visant à découvrir de nouveaux éléments chimiques.
«Pour y parvenir, il faut avoir des accélérateurs. Pour que les noyaux fusionnent, il faut les faire entrer en contact. Cela nécessite une accélération jusqu'à 10% de la vitesse de la lumière», explique l'interlocuteur de l'agence.
La question financière s'invite elle aussi inévitablement dans les recherches: «Tous cela, c'est bien onéreux». «Par exemple, pour la synthèse, il convient d'utiliser le calcium 48. Il est très rare dans la nature, son prix est de 280 dollars pour un milligramme. L'or coûte quatre centimes de dollars pour un milligramme», compare le scientifique. Cependant, les recherches apportent parfois des bénéfices inattendus:
«Internet en est un simple exemple. Il est apparu en raison de la nécessité d'organiser l'échange de données entre les participants à une expérience sur des particules élémentaires. Je crois qu'internet a déjà justifié toutes les dépenses sur les sciences fondamentales. Et pourtant, il s'agit d'un sous-produit», raconte M.Popeko.
Le chercheur dément toute différence entre les éléments «naturels» et synthétisés. Quant aux sources hypothétiques de nouveaux éléments, M.Popeko cite notamment les étoiles à neutrons qui pourraient contenir «tout ce qu'on veut» en leur intérieur et dont chacune représente dans les faits «un noyau géant avec le numéro atomique 10 à la puissance 57».
Est-ce la fin du tableau de Mendeleïev? Rien n'est à exclure: les chercheurs ont baptisé la «zone» qui sépare l'élément 118 et les étoiles à neutrons «désert nucléaire», souligne le scientifique. «Or, il reste la question principale: est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans?», relativise-t-il.