Le problème principal, dans la question de la mise en application de l'accord conclu entre l'Union européenne et la Turquie sur les migrants, réside sans doute dans le fait que Bruxelles ne veut manifestement pas aider Ankara à le réaliser, a déclaré à Sputnik Oktay Aksoy, directeur des programmes internationaux de l'Institut de politique extérieure d'Ankara et ancien ambassadeur de Turquie en Finlande, en Suède et en Jordanie.
«Cet accord a été conclu avec le concours direct de la chancelière allemande Angela Merkel. Néanmoins, bien des pays européens préfèrent se soustraire à la coopération avec la Turquie et surtout quand il s'agit du financement promis et du respect de leurs engagements [dans le cadre de cet accord, ndlr]. L'Europe ne remplit pas pleinement ses engagements», a souligné l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que la Turquie était souvent contrainte de réaliser seule bien des initiatives dans le cadre de cet accord sur les flux migratoires.
«De toute évidence, une telle situation arrange pleinement les Européens […]. Les pays de l'UE devraient apprendre à agir de concert. Ils peuvent, par exemple, faire preuve d'unité sur le Brexit, tout en négligeant les problèmes extérieurs, quand ils devraient notamment prendre des engagements bien concrets et surtout financiers. Quoi qu'il en soit, une telle approche engendre des tensions dans leurs relations», a résumé le Turc.
Les observateurs relèvent que la mise en œuvre de l'accord sur l'immigration entre Bruxelles et Ankara dépend surtout des relations entre l'Union européenne et la Turquie. Or, elles se sont tendues ces derniers temps, notamment avec le partenaire grec sur la question chypriote et celle des frontières communes. Par ailleurs, Ankara s'attend toujours à ce que Bruxelles lui verse la totalité des sommes promises pour l'accueil des migrants sur le sol turc.
La Turquie a accueilli 3,5 millions de réfugiés syriens et l'Union européenne, souhaitant tarir l'afflux de migrants vers l'Europe, a dit avoir débloqué trois milliards d'euros pour lui venir en aide. Or, Ankara accuse toujours l'UE de ne pas tenir sa promesse.