En date du 1er février 2019, le magazine Le Point a publié un article contenant les propos du Président de la République française sur la place des médias dans la crise des Gilets jaunes. Comme le note le journaliste Emmanuel Berretta, le Président affleure la question de «la Russie de Poutine, à travers Russia Today ou Sputnik».
Concrètement, Emmanuel Macron déclare que «les gens qui sont surinvestis sur les réseaux sont les deux extrêmes. Et après, ce sont des gens qui achètent des comptes, qui trollent. C'est Russia Today, Spoutnik, etc».
Pour commencer, aucun compte Facebook ou Twitter lié à Sputnik France n'a été mis en cause dans quelque affaire que ce soit en France. Au contraire, durant le début de l'affaire Benalla, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait estimé que des comptes liés à la Russie avaient été détectés et appelé à ce que «toute la transparence soit faite sur la diffusion de ce type de message». Il s'est avéré ensuite que l'ONG DisinfoLab, à l'origine d'une étude sur les réseaux sociaux, a conclu qu'il n'y avait aucune preuve d'«ingérence» russe dans l'amplification de l'affaire Benalla.
Personne n'a jamais pu démontrer qu'une seule fake news avait été publiée par Sputnik France, comme le note d'ailleurs le service Checknews de Libération le 6 juin 2018. Il écrit ainsi que «mais une ligne éditoriale, même ultra-orientée, n'est pas (forcément) synonyme de fake news. Et quand il s'est agi de donner des exemples, les responsables d'En Marche ont été bien à la peine».
Alors que vaut à Sputnik France cette attaque directe du Président de la République, si ce n'est que celui-ci, en plus de menacer la liberté de la presse, propage lui-même des fake news à notre égard?
Rappelons que nos journalistes ne sont pas accrédités aux points de presse et réunions officielles du gouvernement. Ils sont délibérément mis au ban.
Pourtant, l'article 11 de la Déclaration française des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, qui fait partie du bloc de constitutionnalité, dispose que: «La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme: tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.»
Le représentant de la France au plus haut sommet de l'État est-il prêt à ainsi fouler aux pieds les valeurs qu'il incite à respecter dans les autres pays? La liberté d'informer n'est pas à géométrie variable, en fonction de l'affection que porte le gouvernement à un média. Il semble bon de le rappeler.
Notre agence ne dépend pas des subventions fournies par le gouvernement français contrairement à la majorité des «gros» médias papier. Son capital n'est pas détenu par des milliardaires disposant d'intérêts privés.
Notre objectif n'est ni de diviser la France ni d'y créer un climat de haine. Il est de révéler ce dont les autres ne parlent pas, sans peur de suppression de subventions ou par idéologie. Le journalisme ne doit pas en dépendre.
C'est cela qui peut expliquer le regain de lecteurs pour notre média, et en aucun cas une ligne biaisée cherchant à nuire au gouvernement français. Si certains médias se sentent lésés, cela n'est dû qu'à leur ligne éditoriale partisane, éloignée de la nôtre, factuelle.
Monsieur le Président, nous vous demandons simplement de respecter notre travail et de ne pas faire diversion sur la crise qui touche la France en accusant un ennemi extérieur imaginaire, comme pourrait le faire une dictature.
L'équipe de Sputnik France.