Libye, Syrie, Vénézuéla... le naufrage de la diplomatie française

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"La France ne reconnaît pas les gouvernements; elle a des relations avec les Etats". Georges Pompidou, président de la république française, lors d’une conférence de presse, le 29 septembre 1973.

En effet, la France avait jadis pour règle diplomatique de reconnaître les Etats et non les gouvernements. Dans les démêlés intérieurs pouvant concerner un Etat, elle s'en tenait ainsi à une prudente neutralité. Lorsque les Khmers rouges sont arrivés au pouvoir au Cambodge, la France a maintenu vaille que vaille des relations diplomatiques avec ce pays, malgré l'épouvantable réputation qui n'a pas tardé à rattraper ses gouvernants.
Car les dirigeants et les diplomates de l'époque savaient bien que l'on ne fait pas de politique internationale avec des grands sentiments, hélas… expérience acquise au cours des nombreux siècles que compte l'histoire de France.

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Mais, depuis un certain nombre d'années, des dirigeants bien imprudents ont remisé au placard cette sage règle de conduite, pour adopter des postures prétendument morales en matière internationale. Dans les faits, des postures morales à peu près totalement alignées sur celles des Américains, décidant qui, à leur avis, est légitime pour occuper le pouvoir, ou pas, dans tel ou tel Etat.

Car, dans le même temps, ces mêmes dirigeants choisissaient l'alignement à peu près total sur les positions américaines (cf. réintégration par M. Sarkozy du commandement militaire intégré de l'OTAN, hors de tout contexte de menace de conflit armé en Europe, et sans consulter le peuple français), trahissant l'héritage d'indépendance nationale légué par Charles de Gaulle, tout en prétendant le défendre!

Au bout de quelques années de cette politique, il est possible de dresser un bilan de ces actions. Pour la France, Il est véritablement catastrophique.

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Nous avons déjà eu droit à la "libération" de la Libye par Nicolas Sarkozy, sous prétexte que Kadhafi était très méchant avec son peuple. Avec le recul désormais, nous commençons à réaliser que pire qu'une erreur, c'est une véritable faute historique qui a été commise, (avec le concours de son homologue britannique et le soutien américain), faute qui le disqualifie définitivement aux yeux de l'histoire. Car, en transformant ce malheureux pays en chaos, cette intervention "humanitaire" a été le point de départ de souffrances et de désordres indicibles: d'abord un pays ruiné, aux mains des seigneurs de guerre, devenant un paradis pour bases arrières terroristes. Ensuite un afflux massif de migrants, avec son cortège de drames humains, et la suite que l'on connaît: les pays de l'UE qui se couvrent de barrières en rejetant les migrants chez les autres. L'arrivée logique de mouvements politiques violemment anti-européens, (ne confondons pas les causes et les conséquences!) traduisant l'exaspération des Italiens notamment, après 7 ans de bavardages impuissants de l'UE face à la submersion migratoire de l'Italie. Le refus des pays d'Europe de l'Est d'accueillir tout migrant. Bref, la révélation de la désunion européenne totale, révélant au grand jour que les pays de l'Union européenne défendent des intérêts non seulement divergents, mais contradictoires.

Ainsi, il n’est pas exagéré de dire que la chute du colonel Kadhafi, provoquée par les bons sentiments occidentaux, aura été le premier maillon d’une chaîne d’événements, qui aboutiront au final à la destruction de l’Union européenne…

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Nous avions eu droit ensuite au peu glorieux épisode de l’annulation de la vente des navires Mistral à la Russie par François Hollande, résultat de la pression de Washington. Coût pour la France : 2 Milliards d’€ à rembourser à la Russie. Gains éventuels pour la France sur d’autres plans? Nuls, ni en termes financiers, ni en termes diplomatiques, ni en termes économiques. Bien au contraire, cela n’a pas ensuite empêché les Américains de continuer à cribler "d’amendes" nos grandes banques notamment, sous divers prétextes fallacieux, dont la "justice" américaine a le secret.

Et oui, l’Amérique ne respecte que la force. Donald Trump a plus de respect pour… Kim Jon Un que pour… Emmanuel Macron…

Nouvel épisode de ce triste feuilleton pour les intérêts de la France, la guerre en Syrie.

Elle va se terminer en débandade pour le camp des "occidentaux" (terme fourre-tout qui regroupe l’Union européenne mais aussi l’Arabie saoudite, et les Américains) avec le départ sans tambour ni trompette de ces derniers. Certains avaient la faiblesse de penser que cette fois la France tirerait la leçon d’une aventure ou elle aura commis à peu près toutes les erreurs possibles. En effet, la liste des fautes commise là-bas est longue, et sera lourde de conséquences pour l’avenir de l’influence française dans la région. Sous le prétexte de lutte contre les islamistes de Daech*, en fait essentiellement pour renverser Bachar el-Assad, la France, pourtant si prompte à donner au monde des leçons de vertu et de droit international, a envoyé des troupes sur le sol d’un pays qui ne l’a pas jamais attaqué: la Syrie. Syrie qui ne l’a jamais invité à le faire. Cette action n’a pas davantage été mandatée par l’Organisation des Nations Unies, à aucun moment, et en aucune manière.

Comment qualifier une telle action au regard du droit international ? Occupation? Invasion? Agression ?…

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Mais le pire, lorsque l’on se livre à ce type de pratique douteuse, c’est au bout du compte de perdre la partie. Or, l’ennemi dont on avait juré la chute (Cf. les propos de Mr Fabius, de Mr le Drian, etc.), Bachar el-Assad, non seulement n’a pas été vaincu, mais gagne la guerre. Et il retrouve des alliés dans la région (la Syrie pourrait participer à la prochaine réunion de la Ligue arabe, dont elle était suspendue depuis 2011, et ou Bachar el-Assad fera figure de grand vainqueur. Les Emirats Arabes Unis ont rouvert leur ambassade à Damas). La lutte affichée contre Daesh* avait fourni un prétexte rêvé: on armait des islamistes modérés (?) pour renverser le pouvoir en place. Un bien mauvais calcul, d’ailleurs, que de croire que l’on peut lutter contre deux ennemis à la fois, que l’on peut éradiquer la peste terroriste en renversant le pouvoir en place et accentuer ainsi le chaos. Au final, c’est la Russie et l’Iran qui auront permis à la Syrie de gagner la guerre contre les terroristes et malgré "l’aide" occidentale. Au passage, cela montre toute l’hypocrisie de la lutte contre le terrorisme affichée par la coalition américaine. Et ce pour une raison bien simple. Si le gouvernement syrien, à une époque en très grande difficulté sur le terrain, avait jugé l’action occidentale tellement décisive, par quel masochisme auto-destructeur l’aurait-elle donc refusée ? Car finalement, ce n’est ni la France, ni les Etats-Unis qui auront débarrassé la Syrie de la pieuvre islamiste, mais bien les deux pays cités plus haut. Pays que la Syrie a appelé au secours.

Mr Macron a continué ses rodomontades en affirmant que le France resterait malgré le départ américain.

Pour quiconque possède quelque notion d’art militaire, on est en droit d’être dubitatif. On voit mal l’armée Française continuer à agir sur un territoire ou elle n’est pas la bienvenue, loin de ses bases, sans la logistique américaine, et sans faire appel aux russes ou aux… Syriens…

Non content d’accumuler bourdes et gaffes diverses en politique internationale, voilà que Monsieur Macron récidive désormais avec le Vénézuéla et Maduro.

Au lieu de publier le cas échéant une déclaration appelant au calme et au dialogue, ce qui serait le rôle d’un pays tiers dans ce cas de figure, et de rester en dehors de problèmes qui après tout, ne nous concernent pas, Mr Macron appelle rien moins qu’à soutenir une véritable tentative de coup d’état, contre un Président qui, qu’on le veuille ou non, qu’il nous plaise ou non, a été élu. Il pousse ainsi à ce qui pourrait se transformer en véritable guerre civile pour ce pays de 31 millions d’habitants si les choses tournaient mal.

Voyez ce bel ensemble européen, se permettant d’adresser un ultimatum au Vénézuéla, qui n’a jamais agressé personne ici, s’ingérant dans les affaires d’un pays souverain… après avoir attendu prudemment que l’administration américaine ait exposé une telle position jusqu’au-boutiste, naturellement!

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Il est d’ailleurs assez cocasse que M.Macron parle "d’élection illégitime" à propos de Mr Maduro, alors que lui-même a été bien mal élu, au terme d’une l’élection présidentielle marquée par le taux d’abstention massif. Et surtout, ne l’oublions jamais, après qu’un "missile" judiciaire, judicieusement tiré, ait abattu en vol celui qui aurait qui aurait très probablement été le Président de la République, François Fillon…

On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien: décidément, cet ancien adage reste d’actualité! Devant le spectacle d’une telle impéritie, la chose serait simplement cocasse. Le malheur, c’est que les conséquences des erreurs en politique internationale peuvent être terribles. La voix de la France n’est plus guère écoutée, plus guère respectée. Elle s’enferme dans une logique de blocs, d’alliances inconditionnelles, qui ne lui rapporte rien. Elle pratique systématiquement le deux poids deux mesures, désignant par avance les coupables. C’est cette logique de blocs et d’alliances automatiques qui entraîna le monde dans la Première Guerre mondiale…

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