Le Canada aurait destitué son ambassadeur en Chine au profit des USA

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Dans le contexte de l’affaire Huawei, le Premier ministre canadien a demandé sa démission à John McCallum, ambassadeur du Canada en Chine. Mais quelles sont les raisons qui ont motivé cette décision et quelles seront les conséquences pour Ottawa? Deux experts ont exprimé leur point de vue à Sputnik quant à cette situation sans précédent.

La démission de John McCallum s'explique par un jeu complexe, à savoir la guerre commerciale dans laquelle s'affrontent Washington et Pékin, a fait savoir à Sputnik le politologue russe et directeur adjoint de l'Institut national du développement de l'idéologie contemporaine, Igor Chatrov. Selon lui, l'ambassadeur a dû quitter son poste après avoir tenu des propos sur l'affaire Huawei.

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«À mon avis, l'ambassadeur canadien n'était pas tout à fait au courant du fait que les taux dans ce jeu étaient plus élevés qu'il pensait, c'est pourquoi il n'était pas prêt à une telle réaction et une telle punition pour ses propos. Entre-temps, une partie des autorités canadiennes, au niveau du Premier ministre et des membres du cabinet, comprennent, bien-entendu, ce qui se passe dans les relations entre les États-Unis et la Chine.»

Naturellement, selon M.Chatrov, la réaction des «supérieurs a suivi», et l'ambassadeur a été «licencié».

«Les Canadiens sont devenus des acteurs forcés de la situation autour de l'affaire Huawei. À l'évidence, la Chine renforce ses positions sur la scène internationale non seulement en tant que puissance mondiale économique, mais aussi en tant que puissance mondiale politique.»

D'après l'interlocuteur de Sputnik, les États-Unis ont recours à toute sorte de moyens de pression, en particulier en matière de guerre commerciale.

«Au cours des prochaines années, la guerre commerciale se poursuivra parce que la Chine entend affirmer sa position avec plus de confiance qu'auparavant», a résumé Igor Schatrov.

Conséquences pour Ottawa

L'autre interlocuteur de Sputnik, expert de l'Institut chinois de moyens de communication, Yang Mian, estime que la démission de John McCallum a nui à la réputation d'Ottawa.

«L'ambassadeur du Canada a exprimé son point de vue, il a dit la vérité, ce qui a provoqué une forte pression sur lui dans le pays et a conduit à sa démission. Le gouvernement de Trudeau a dû le faire, entre autres, en vue d'atténuer la polémique liée à ses propos. D'un côté, c'est un choix du gouvernement canadien fait sous la pression politique des États-Unis. De l'autre, cela peut devenir un moyen utilisé par le Canada pour adopter la soi-disant idée d'être politiquement correct.»

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Dans le même temps, cet incident a révélé des désaccords existant au sein du gouvernement canadien, souligne l'expert. Selon lui, nombreux sont ceux qui ne partagent pas la position des autorités dans le scandale autour de Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei.

«La démission de l'ambassadeur ne peut que nuire à la réputation internationale du Canada. Le Canada assure les intérêts des États-Unis. Il collabore avec les États-Unis pour contenir le développement de la société de télécommunications avancée de la Chine tout en empêchant la poursuite de croissance du pays», a conclu Yang Mian.

Le Premier ministre Justin Trudeau a indiqué dans un communiqué le 26 janvier qu'il avait demandé à John McCallum de lui remettre sa démission de son poste d'ambassadeur du Canada en Chine et qu'il avait acceptée. Selon TVA Nouvelles, John McCallu, a dû quitter son poste après avoir tenu des propos maladroits sur l'affaire Huawei.

«Du point de vue du Canada, si [les États-Unis] abandonnaient la demande d'extradition [de Mme Meng, ndlr], ce serait bien pour le Canada», avait-il déclaré lors d'un événement de bienfaisance.

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Il avait également souligné le fait que si les États-Unis et la Chine parvenaient à s'entendre sur l'affaire Huawei, ce serait positif pour le Canada:

«Nous devons nous assurer que si les États-Unis concluent un tel accord, alors ils doivent inclure la libération de nos deux ressortissants. Les États-Unis en sont très conscients.»

Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei et fille de Ren Zhengfei, a été arrêtée au Canada il y a environ un mois, sur demande de Washington. Mme Meng a retrouvé la liberté après avoir payé une caution, mais reste sous surveillance en vue d'une potentielle extradition vers les États-Unis.

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