Un «No borders —no nations», graffé sur un mur surmonté de barbelés, en guise de sous-titre du livre «Qu'est-ce qu'une nation en Europe?»: si cet ouvrage collectif ne renie pas ses origines universitaires, il revendique aussi son ancrage dans l'actualité et témoigne que le Grand débat national est loin d'être le seul espace de réflexion dans le pays.
«Nous avons voulu une couverture-choc qui ne représente pas forcément les points de vue exprimés dans ce livre, mais qui fait réagir l'opinion, explique à Sputnik Éric Anceau, l'un des directeurs de cette publication. Je ne vous cache pas que notre livre se vend bien.»
«Beaucoup d'intellectuels remettent en cause l'idée même de l'État-nation, d'autres considèrent que c'est le cadre incontournable de l'épanouissement des démocraties, explique Éric Anceau. Nous avons voulu rouvrir le débat avec des sociologues, historiens, politistes et philosophes.»
«Beaucoup de Gilets jaunes n'en ont pas forcement conscience, mais dans les difficultés économiques qu'ils rencontrent, la question de l'UE et la contrainte qu'elle impose aux différents États-nations expliquent la différence des niveaux de vie», analyse Éric Anceau.
Mais ce n'est pas la seule chose qui inquiète Éric Anceau:
«Ce qui est dramatique aujourd'hui, c'est une forme de pensée unique qui empêche les universitaires qui ne pensent pas comme des élites gouvernementales, d'exprimer leur pensée, s'insurge l'universitaire. Ce que nous voulons, c'est le débat. Le débat contradictoire.»
En attendant de retrouver le débat universitaire sur les plateaux de télévision, le lecteur peut se procurer le recueil d'essais «Qu'est-ce qu'une nation en Europe?», édité par Sorbonne Université Presses, sous la direction d'Éric Anceau et Henri Temple, pour se forger son opinion. Une lecture enrichissante à l'approche des élections européennes.