Les spécialistes serbes du droit international et des problèmes du Kosovo se sont toujours demandé s'il régnait un plein consensus entre Moscou et Belgrade au sujet du Kosovo, a déclaré dans un entretien accordé à Sputnik le vétéran de la diplomatie serbe Srecko Djukic.
Selon ce dernier, lors de sa conférence de presse conjointe avec Vladimir Poutine, le Président serbe Aleksandar Vucic n'a pas parlé du Kosovo, alors que son homologue russe a explicitement exposé la position de Moscou sur cette question.
«La Russie se propose de jouer un rôle actif dans le règlement du problème du Kosovo. Sa remarque [de Vladimir Poutine, ndlr] concernant les policiers et militaires serbes qui auraient dû se trouver au Kosovo, mais qui n'y sont toujours pas peut être interprétée comme une critique à l'endroit de l'Union européenne [Bruxelles est un intermédiaire officiel dans les négociations entre Belgrade et Pristina et répond par conséquent du respect des normes du droit international dans cette province, ndlr]. Il veut enfin qu'un dialogue sur le fond commence et que la Russie y participe», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler qu'après l'échec des négociations de paix de Rambouillet en 1999, l'Otan s'était mise à bombarder la Serbie. Il y a toutefois la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies qui garantit l'intégrité territoriale de la Serbie, et bien que les représentants occidentaux de la communauté internationale fassent semblant de l'ignorer, elle existe bel et bien.
L'expert souligne que cette résolution ne peut être annulée que sur décision du Conseil de sécurité de l'Onu, alors que les forces de l'Occident ne sont pas à même, selon lui, d'obtenir la majorité des voix requise pour cela.
«Une chose est claire: il est parfaitement impossible de résoudre le problème du Kosovo sans la Russie», a relevé le Serbe.
Il s'est dit également persuadé que les dirigeants occidentaux n'étaient pas eux non plus indifférents au sort du Kosovo et n'a pas exclu que Donald Trump souhaite sous peu en discuter avec Vladimir Poutine.
«Ils [les dirigeants occidentaux, ndlr] ne pourront tout simplement pas ne pas inclure la Russie dans ce processus parce que les Serbes ne font pas confiance à l'Occident, alors que les Russes sont nécessaires comme garantie du respect des ententes une fois enregistrées», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Vladimir Poutine se trouvait le jeudi 17 janvier en Serbie pour une visite qui a donné lieu à la signature de plus de 20 accords dans les domaines de la politique étrangère, de l'énergie, de la coopération industrielle, de la protection sociale, des technologies numériques, des innovations, ainsi que des infrastructures ferroviaires et de l'exploration de l'espace. Selon Aleksandar Vucic, le montant total des contrats conclus lors de cette visite du Président russe dépasse les 200 millions d'euros.