Bien que les députés britanniques aient massivement rejeté l'accord proposé par Theresa May sur le Brexit, la Première ministre a survécu à la motion de censure, ce qui n'est pas étonnant, a déclaré à Sputnik Edgar Morgenroth, professeur d'économie à l'Ecole de Commerce de l'Université de Dublin de l'Entreprise (DCU), commentant les dernières évolutions de la vie politique au Royaume-Uni.
«Je n'en suis pas du tout surpris. Le problème est qu'à l'intérieur du Parti conservateur, celui de Mme May, il y a un groupe de personnes qui ne l'aiment effectivement pas, mais ces personnes n'ont pas suffisamment de voix pour la chasser. […] Par ailleurs, ces mêmes personnes ne veulent pas que le Parti travailliste arrive au pouvoir», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que les possibilités de la Première ministre étaient désormais plutôt limitées, ce qui n'était sans doute pas évident pour tout le monde.
«Elle pourrait essayer d'arrêter en général le Brexit. C'est possible. Le Royaume-Uni pourrait se retirer unilatéralement du Brexit. […] Elle pourrait aussi repousser le Brexit à plus tard, mais il lui faudrait alors demander à l'UE de prolonger le processus, ce qui est prévu par l'article 50. Cela ne pourrait toutefois se faire que si les 27 pays de l'UE l'acceptaient à l'unanimité», a poursuivi l'Irlandais.
Selon ce dernier, on l'interrogerait alors sur l'objectif d'un tel atermoiement.
«La raison pourrait en être notamment la tenue d'élections générales, ce qu'elle ne veut de toute évidence pas. Ou cela pourrait être l'organisation d'un référendum sur un marché conclu avec l'Union européenne, mais elle ne le veut pas non plus. […] Bref, la résolution du problème ne peut être trouvée qu'à Londres et seulement à Londres», a souligné M.Morgenroth.
Quant à un second référendum sur le Brexit, l'expert ne croit pas que ce soit la meilleure solution au problème actuel.
«Les sondages montrent en effet un certain mouvement dans l'opinion en faveur de "rester dans l'UE", mais le vote en ce sens ne serait pas écrasant», a-t-il estimé.
Évoquant un Brexit «dur» auquel la France se prépare, selon les médias, l'économiste a relevé que le Brexit sans un accord est encore pire que le Brexit «dur».
«Le Brexit dur est une possibilité avec un accord sur la sortie, mais sans un marché commercial. Ce dont nous discutons à présent est un Brexit très dur où il n'y a ni accord sur la sortie, ni accord commercial, ce qui nous laissera avec une multitude de problèmes. Somme toute, les pays, surtout ceux qui ont des frontières avec le Royaume-Uni, et l'Irlande est le seul pays ayant avec ce dernier une frontière terrestre, mais la France, la Belgique et les Pays-Bas n'en sont séparés que par la mer, devront élaborer des plans d'action pour des situations d'urgence», a-t-il noté.
Et de supposer qu'un Brexit sans un accord avec l'Union européenne serait sans doute un scénario des plus probables.