Le durcissement de la législation proposé par les autorités françaises sur fond des manifestations des Gilets jaunes vise à «réprimer» ce mouvement, estime Leonid Berchidski, ancien rédacteur en chef du journal russe Vedomosti et qui a émigré en Allemagne après le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014. Il a rédigé pour Bloomberg un article intitulé «La réponse de Macron aux Gilets jaunes fait paraître Poutine plus soft».
M.Berchidski rappelle que la législation sur le droit de réunion a été également durcie en Russie après les manifestations de la fin d'année 2011. Néanmoins, il souligne que les mesures proposées par le gouvernement français sont «plus dures». En Russie, par exemple, la police n'est pas autorisée à inscrire qui que ce soit sur la liste des personnes interdites de manifestation.De plus, la nouvelle loi française prévoit une amende plus élevée (15.000 euros) pour des manifestants cagoulés qui encourent également un an de prison tandis qu'en Russie ce délit n'est passible que de 20 jours en détention et d'une amende de 300.000 roubles (environ 4.000 euros).
Le journaliste, qui qualifie la France de «berceau de la liberté de réunion», indique que l'Hexagone n'est pas le seul pays occidental à être «allé trop loin» en «limitant les libertés». Il a rappelé la loi sur la sécurité adoptée en Espagne en 2015 qui prévoit une amende pour manifester autour les établissements publics et interdit de prendre des photos des policiers pendant les manifestations.
M.Berdchinski conclut que c'est la violence qui «doit être limitée et criminalisée» tandis que les manifestations doivent être «tolérées».
D'après le Premier ministre français, il y a eu au total depuis le début des manifestations des Gilets jaunes plus de 1.000 condamnations et 5.600 gardes à vue.
L'acte 9 du mouvement des Gilets jaunes est attendu samedi 12 janvier à travers la France. En vue de cette nouvelle mobilisation, le secrétaire d'État à l'Intérieur Laurent Nuñez a promis plus de «réactivité» et d'«interpellations».