Le projet de gazoduc Nord Stream 2 efface l'effet des sanctions antirusses et est un «assassin» de l'Ukraine, a déclaré le chef de la diplomatie polonaise Jacek Czaputowicz dans une interview accordée à Handelsblatt, quotidien allemand spécialisé dans le journalisme économique.
«Le Nord Stream 2 tue l'Ukraine. Si le transit de gaz russe via le territoire ukrainien baisse, le pays perdra non seulement des revenus importants, mais aussi et surtout une garantie contre une ultérieure agression russe», a prétendu le ministre.
Et d'appeler à mettre fin à ce projet.
Le Polonais a aussi accusé l'Allemagne et l'Autriche de «mensonge et d'attitude antieuropéenne».
«Nous soutenons sans réserve la position de l'Union européenne. Néanmoins, l'Allemagne et l'Autriche veulent, par des manœuvres toujours nouvelles, obtenir des exceptions pour le Nord Stream 2, et c'est la raison pour laquelle nous n'avons toujours pas d'avis européen unique», a affirmé M.Czaputowicz.
Il a aussi proposé de désigner un envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Ukraine et d'engager dans les négociations dans le format Normandie les «institutions européennes» et les États-Unis.
«L'Allemagne et la France estiment sans doute qu'à elles seules, elles représentent l'Europe, mais nous ne le pensons pas», a résumé le ministre polonais des Affaires étrangères.
Le projet Nord Stream 2 prévoit la construction d'un gazoduc d'une capacité de 55 milliards de mètres cubes par an depuis la Russie par la mer Baltique jusqu'en Allemagne. Angela Merkel a souligné à maintes reprises que Berlin considérait ce projet comme commercial, tout en liant sa réalisation au maintien du transit de gaz russe via l'Ukraine.
La Russie a également déclaré plusieurs fois qu'il s'agissait d'un gazoduc absolument commercial et compétitif. Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que le Nord Stream 2 n'entendait pas l'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine.
Destiné à relier la Russie à l'Europe par la mer Baltique, le gazoduc Nord Stream 2 aura une longueur de plus de 1.200 kilomètres et un débit de 55 milliards de mètres cubes par an. Le projet est réalisé par Gazprom en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Le gazoduc devrait être mis en service d'ici à la fin 2019.
Plusieurs pays s'opposent au projet, dont l'Ukraine, qui fait transiter depuis longtemps le gaz russe vers l'Europe, et les États-Unis qui ont plusieurs fois demandé aux pays européens de ne pas participer au projet Nord Stream 2, brandissant la menace de sanctions à leur égard.