Les actions des Etats-Unis, pays qui pourtant avait été à la pointe de la «mondialisation», ont beaucoup compté. Certaines de ses actions ont été directement des attaques contre le libre-échange généralisé. La politique de Donald Trump en est un exemple. Après avoir fait capoter le TAFTA (Traité transatlantique de libre-échange), il a contraint le Mexique et le Canada à renégocier le traité couvrant les échanges de ces trois pays (le NAFTA), puis il s'est engagé dans un bras de fer spectaculaire avec la Chine.
Qu'est-ce que la mondialisation?
Mais, qu'appelle-t-on au juste «mondialisation» ou «globalisation»? De fait, la mondialisation que nous avons connue depuis près de quarante ans a résulté de la combinaison de la globalisation financière, qui s'est mise en place avec le détricotage du système hérité des accords de Bretton Woods en 1973, et de la globalisation marchande, qui s'est incarnée dans le libre-échange.
C'est bien l'ouverture importante du commerce international, et ce depuis les années 1970 et 1980, qui a marqué les esprits. Ceci a suscité de nombreux fantasmes. Le développement économique aurait, durant les trente dernières années, largement été porté par le commerce international. Tel est le résultat qui a été vulgarisé par une partie des économistes, parfois par ignorance des données sur lesquelles ils travaillaient et parfois par intérêt soit idéologique, soit matériel.
L'impact de la globalisation financière
Mais le libre-échange n'est que l'un des aspects de la globalisation. La dimension financière est, elle aussi, fondamentale. D'une part, le métier de la banque tend à s'éloigner des activités de crédit, qui impliquent une connaissance et un lien réciproques entre le banquier et son client, pour s'orienter de plus en plus vers des activités dites « de marché », c'est-à-dire des activités de spéculation.
Outre des profits, les entreprises y gagnent une souplesse considérable qui leur permet de soustraire une large partie de leurs profits aux systèmes fiscaux de leur pays d'origine en profitant des différents «paradis fiscaux» qui existent sur la planète. Ce phénomène n'aurait jamais pu voir le jour sans le processus de déréglementation que l'on a connu depuis maintenant plus de trente ans. Or, cette internationalisation de la finance se heurte désormais à la suspicion qu'entraine les diverses mesures de contraintes imposées par les Etats-Unis, et en particulier dans le domaine monétaire. Cette suspicion a déjà fragmenté le marché mondial des titres et des dettes.
Un processus explosif
À chacune de leurs étapes, les diverses mesures liées à la globalisation ont imposé leurs lots de violences et de guerres. Nous en voyons aujourd'hui le résultat: une marche généralisée à la régression, tant économique que sociale, qui frappe d'abord les pays dits «riches» mais aussi ceux que l'on désigne comme des pays «émergents». Elle a conduit à une surexploitation des ressources naturelles plongeant plus d'un milliard et demi d'êtres humains dans des crises écologiques qui vont chaque jour empirant.
C'est cette combinaison de revendications économiques et sociales (contre les délocalisations, mais aussi contre les fameux «travailleurs détachés») et de revendications politiques (concernant la souveraineté et la démocratie), qui a pris désormais un caractère explosif. Et, de plus en plus, les peuples comprennent que la revendication de souveraineté est indissolublement liée avec les revendications concernant l'emploi ou le niveau de vie. C'est sans doute en cela que l'année 2018 aura marqué un changement important.
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