La rédaction a obtenu la correspondance d’une journaliste de la rédaction russe de la BBC, Olga Ivchina, avec un pigiste couvrant les manifestations des Gilets jaunes sur les réseaux sociaux. Sur instruction de sa rédaction, la correspondante de la BBC recherchait des pistes de l’implication russe aux manifestations de Paris et voulait savoir s'il était possible de tirer des faits disponibles la conclusion que la Russie est à l'origine de ce qui se passe.
Y a-t-il des membres du Front national dans les rues de Paris (ancien nom du Rassemblement national), demande la correspondante: Et si on trouve ces ultra- droites, parleront-ils de Poutine et de leurs liens avec Moscou?
Non? Eh bien, et des Russes assistent-ils aux manifestations?
Non? Bon, d'accord. Ou peut-être au moins des entreprises russes font-elles leurs choux gras lors des émeutes? Peut-être qu'ils vendent massivement des bouts de viande là-bas?
Non? Eh bien, tant pis. Mais peut-être y a-t-il au moins des ultra-droites? Et ils peuvent déjà être liés à Poutine…
Non? Vous plaisantez?
Oui, je cherche des angles, explique la correspondante de la BBC dans la messagerie. «La rédaction demande du sang, quoi».
Ensuite, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a répondu à une question sur la «piste russe»: «J'ai entendu cette rumeur. Il y a une enquête qui est aujourd'hui menée par le secrétaire général de la défense nationale. On verra bien les résultats de cette enquête.»
Et maintenant, après quelques jours, ce qui a commencé comme une nouvelle intox ridicule des fonctionnaires ridicules de Kiev, est en train d'affecter convulsivement la réalité des journalistes de la société de radiodiffusion publique du Royaume-Uni. Parce que la direction «demande du sang».
En fait, l'ancienne formule du journalisme a été mis en oubli et substituée par une nouvelle, correspondant à l'ère de la «vérité remplacée»: le concept est sacré et les faits peuvent être librement choisis.
Il y a des raisons de croire que s'il n'y a aucun fait, les rédacteurs en chef de la BBC ne reculeront pas non plus. Après tout, vous pouvez toujours «obtenir des données d'une source des services spéciaux qui souhaitent rester anonymes» et créer une «trace russe» sur celles-ci.
Mais voici ce qui est intéressant ici. Nous avons observé à maintes reprises comment les élites occidentales, armées d'une «télécommande de la réalité» universelle, faisaient des erreurs assez grossières dans leurs calculs ces dernières années. Au Royaume-Uni, les dirigeants étaient tout à fait convaincus que le référendum sur la sortie de l'UE échouerait. Le ratio des votes en faveur du maintien à l'UE et du Brexit était (selon la BBC elle-même) telle qu'il a suscité l'indignation même des Britanniques habitués à tout. À quoi cela a conduit est bien connu.
À cet égard, la question naît d'elle-même: qui est en réalité la première victime de la propagande d'État britannique? Ne serait-ce pas elle-même?
Et plus important, comment peut agir avec succès un État au XXIe siècle, qui, au lieu d'établir ces faits, fait de l'autohypnose accrue, cherchant en réalité à confirmer ses concepts rusés?
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