En dépit des déclarations du Qatar, sa démarche n'est pas technique, mais simplement politique, voire stratégique, Doha faisant l'objet d'attaques et de pressions de la part de l'Arabie saoudite, membre dominant de l'OPEP, a déclaré à Sputnik Andrzej Szcześniak, expert polonais en énergie et marchés pétro-gaziers, commentant la décision du Qatar de se retirer du cartel du pétrole.
«De nos jours, les processus stratégiques sur le marché mondial du pétrole dépendent de l'Arabie saoudite et de la Russie. Tout sera fonction de leur décision. […] Quant à la décision du Qatar, cela n'affectera en rien notre pays. La Pologne achètera du gaz naturel liquéfié (GNL) au Qatar comme elle l'a fait auparavant», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Interrogé sur l'intérêt que Varsovie a de diversifier ses achats de gaz et son intention de réaliser le projet Baltic Pipe avec le Danemark et la Norvège, M. Szcześniak a relevé que ce projet n'avait de signification ni géologique ni économique, vu son épuisement dans les deux ou trois années à venir.
«La Pologne dissimule tout simplement derrière le mot "diversification" son désir de renoncer aux hydrocarbures russes, en recourant à des exportateurs de gaz, comme le Qatar, les États-Unis, etc. Il [le gaz, ndlr] serait livré en Pologne en immenses quantités et remplacerait le gaz de la Sibérie. Il est toutefois vrai que ce serait un produit beaucoup plus cher, et je ne sais pas ce qu'en pensera le contribuable polonais! […] Et les entreprises polonaises préfèrent le gaz russe bon marché et sûr», a relevé l'expert.
Et d'ajouter qu'on assistait à présent à l'aggravation de la concurrence entre la Pologne et l'Allemagne qui avec la Russie œuvraient à la réalisation du projet Nord Stream-2, alors que les perspectives du gazoduc Baltic Pipe étaient plutôt floues.
«Pour ce qui est du projet de diversification de livraisons de gaz en Pologne, c'est le désir de ne laisser sur le marché polonais que les acteurs que sont les États-Unis, le Qatar et d'autres. Personnellement, je suis persuadé qu'ils ne pourront pas remplacer les hydrocarbures russes. Les lois de la rationalité économique s'imposeront et il n'existe pas de force qui puisse évincer sur le marché ouvert une matière meilleure marché par une autre plus chère», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.