Les constructeurs automobiles allemands sont dans le sillage de Trump

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Les hauts responsables des plus grands constructeurs automobiles allemands - Volskwagen, Daimler et BMW - ont tenté de s'entendre sur l'avenir de leurs affaires sur le territoire américain pendant un entretien avec le président des États-Unis Donald Trump et les représentants de son administration.

Afin d'éviter des taxes de 25% sur les voitures qu'ils exportent aux USA, les constructeurs automobiles allemands sont prêts à investir davantage dans l'économie américaine, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Les experts estiment que le risque n'est toutefois pas totalement écarté, si l'on prend en compte l'imprévisibilité du locataire de la Maison blanche.

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Comme le rapporte la Deutsche Welle se référant à des sources proches du dossier, la délégation allemande est partie après avoir convenu de ses positions avec la Commission européenne — car les relations commerciales transatlantiques relèvent de ses compétences — et avec le gouvernement allemand.

«Les constructeurs automobiles allemands sont des grands employeurs aux États-Unis, il y a donc une base pour négocier avec l'administration américaine sur les investissements et l'avenir qui les attend», a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.

D'après le journal allemand Handelsblatt, l'invitation à cette rencontre a été envoyée par le ministre américain du Commerce Wilbur Ross et le représentant américain pour les négociations commerciales Robert Lighthizer. L'agence AP écrit que les représentants de BMW, de Volkswagen et de Daimler se sont entretenus séparément avec Ross, Lighthizer, le chef du conseil économique national de la Maison blanche Lawrence Kudlow et d'autres collaborateurs de l'administration américaine.

«Nous avons fait un grand pas en avant pour éviter les taxes», a déclaré le patron de Volkswagen Herbert Diess après avoir rencontré les représentants de la Maison blanche et le président. «Nous nous trouvons à un stade important des négociations et du dialogue avec la compagnie Ford pour créer une alliance automobile globale, qui aidera également le secteur automobile américain à se renforcer», a-t-il déclaré.

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D'après lui, cette alliance permettra à Ford de renforcer ses positions en Europe. De plus, selon Herbert Diess, Volkswagen pourrait utiliser les usines de Ford aux USA pour produire ses voitures. Le haut responsable a également ajouté qu'actuellement, le géant automobile étudiait la possibilité de construire une seconde usine en Amérique.

«Nous comprenons la position des USA. Ils veulent davantage d'investissements dans leur économie. A présent il ne reste plus aux gouvernements et à l'UE qu'à trouver la bonne décision, qui sera bénéfique pour toutes les parties. Le Volkswagen Group est attaché à l'encouragement des relations commerciales stables entre les USA, l'Allemagne et toute l'UE», stipule un communiqué de la compagnie.

Selon Dieter Zetsche, PDG de Daimler cité par l'agence de presse Reuters, le «risque potentiel caché» de nouvelles taxes a diminué après les pourparlers. Il a fièrement évoqué les investissements dans l'usine Daimler en Alabama, dans laquelle le groupe est prêt à investir 1 milliard de dollars supplémentaires.

BMW se positionne comme un «acteur local» loyal avec son usine à Spartanburg (Caroline du Sud) qui garantit de manière stable presque 10.000 emplois depuis près de 25 ans. La compagnie a assuré qu'elle investirait 600 millions de dollars d'ici 2021 et créerait mille emplois supplémentaires à Spartanburg.

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Contrairement aux déclarations des hauts responsables allemands, la Maison blanche n'a pas révélé les détails des pourparlers et s'est contentée d'une déclaration brève et assez abstraite. «Donald Trump a partagé sa vision, selon laquelle tous les constructeurs automobiles installeront leur production aux USA et créeront un climat d'affaires de plus en plus favorable», a déclaré aux journalistes la porte-parole de la Maison blanche Lindsay Walters à l'issue de la rencontre.

Wilbur Ross a été plus précis, notant en particulier que ces pourparlers avaient pour objectif de réduire le déficit de la balance commerciale entre les USA et l'Allemagne dans les échanges de voitures et de pièces détachées — 30 milliards de dollars en défaveur des producteurs américains, soit la moitié du déficit commercial total de 66 milliards de dollars. Selon Larry Kudlow, ces négociations avaient pour but d'inciter les constructeurs automobiles allemands à investir davantage et à fabriquer aux USA.

A première vue, l'espoir des représentants des géants automobiles allemands de trouver un terrain d'entente avec Donald Trump et son administration était justifié. Mais Vladislav Belov, directeur du Centre d'études allemandes à l'Institut d'Europe affilié à l'Académie des sciences de Russie, pense qu'il est trop tôt pour se réjouir: «L'épée de Damoclès pèse toujours sur les constructeurs allemands».

«Je ne pense pas que le risque de taxes ait disparu: Trump et son administration sont imprévisibles. Il se pourrait qu'en 2019 le président remette sur le tapis ce problème si, à la fin de l'année, il découvrait un déficit conséquent dans la balance du commerce extérieur, notamment dans des secteurs concrets. Je pense que dans le secteur automobile il y aura un grand avantage pour l'Europe. Alors que Trump veut réduire ce déficit. Mais comment pourra-t-il le réduire? Il ne peut certainement pas augmenter les exportations de voitures américaines en Europe car les Européens préfèrent les voitures allemandes, françaises, espagnoles aux Ford et aux Chrysler. Il est fort possible qu'en l'absence de réponse adéquate à cette réponse, le président américain revienne à l'idée de taxes sur les voitures européennes. Je dirais qu'on ne peut pas croire Trump», a déclaré Vladislav Belov.

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Selon ce dernier, presque deux ans après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump et la déclaration de la guerre commerciale, les Européens tentent de trouver des mécanismes pour y faire face, mais sans succès pour l'instant. «Que peuvent-ils faire réellement? Pratiquement rien parce qu'ils dépendent fortement du marché américain. S'ils pouvaient partir en beauté, ils l'auraient déjà fait», suppose Vladislav Belov.

Dans une interview au quotidien suédois Dagens Nyheter la commissaire au commerce de l'UE Cecilia Malmström a déclaré que la Commission européenne préparait des contremesures au cas où les USA décréteraient des taxes sur les importations de voitures européennes. Ces dernières porteraient sur environ 20 milliards de dollars de produits américains.

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Selon Vladislav Belov, la volonté des constructeurs allemands de préserver à tout prix le marché américain s'explique, entre autres, par l'attractivité du régime fiscal en vigueur aux USA. «C'est l'un des plus préférentiel au monde. De plus, contrairement à l'Europe, il n'y a pas de taxes écologiques ou autres. Les groupes sont en droit de décider eux-mêmes combien de voitures ils peuvent fabriquer aux USA et combien ils peuvent en exporter», note l'expert.

«Les constructeurs allemands saluent Trump, mais ils pas quand il change les règles du jeu. Il se comporte de manière incorrecte vis-à-vis des entreprises allemandes. Les investisseurs allemands font partie des principaux employeurs étrangers aux USA», souligne Vladislav Belov. Selon l'Union de l'industrie automobile (VDA), les constructeurs allemands et leurs fournisseurs garantissent actuellement près de 120.000 emplois aux USA.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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