Affaire Khashoggi: la souplesse de Washington jouerait en faveur de l'Iran

© AP Photo / Jacquelyn MartinJamal Khashoggi
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Les sénateurs US ont refusé de capituler devant Donald Trump au sujet de la guerre au Yémen. Le Sénat a voté pour la cessation de la participation américaine au conflit armé. Cette décision résulte de la politique de l'Arabie saoudite, avec laquelle les relations se sont détériorées suite à l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.

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Les experts occidentaux estiment que la poursuite de la ligne de Donald Trump visant à passer sous silence le meurtre de Khashoggi met à mal la politique des États-Unis au Moyen-Orient, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

«Ce n'est pas un allié qui mérite notre soutien ou une intervention militaire en son nom», a déclaré le sénateur républicain Mike Lee en commentant la politique de Riyad. Après une réunion à huis clos, plusieurs sénateurs ont déclaré aux journalistes qu'ils n'étaient pas satisfaits par la souplesse de l'administration envers l'Arabie saoudite et sa politique au Yémen. Ils ont également appelé à traduire en justice le prince héritier Mohammed ben Salmane pour la mort de Jamal Khashoggi.

La mort violente du journaliste a forcé les pays occidentaux à revoir leur politique vis-à-vis de Riyad et les livraisons d'armes à ce dernier. La CIA a présenté des preuves indirectes de l'implication de la maison royale saoudienne dans le meurtre du journaliste à Istanbul, et c'est certainement pourquoi la présence de la directrice de l'agence, Gina Haspel, était attendue à la réunion au Sénat. On a finalement appris au dernier moment qu'elle n'y assisterait pas.

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Pour Richard Weitz, directeur du Centre d'analyse militaro-politique du Hudson Institute, l'absence de Gina Haspel à la réunion sénatoriale à huis clos montre qu'elle n'a fait qu'«obéir à la consigne du Président» de ne pas venir à cet entretien.

«La meilleure solution pour Trump consiste probablement à donner l'ordre d'organiser une revue interministérielle des relations bilatérales avec l'Arabie saoudite et de trouver un moyen d'organiser des consultations au Congrès», a déclaré Frederic Hof, ancien représentant spécial du département d'État américain pour la transition politique en Syrie. Et d'ajouter: «L'assassinat d'un résident américain mérite une toute autre réaction que «continuons de mener les affaires comme d'habitude». Une revue totale de la politique demande du temps.»

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Frederic Hof souligne que le chef de la diplomatie Mike Pompeo a mentionné l'Iran dans sa déclaration consacrée à la réunion à huis clos au Sénat. «On se demande légitimement si Riyad aide effectivement à combattre ce problème (la politique iranienne) ou s'il ne fait que l'aggraver. Au Yémen, le royaume saoudien est devenu la cause d'une catastrophe. En Syrie il a soutenu des acteurs sectaires en aidant le protégé de l'Iran, Bachar al-Assad, à survivre et à détruire la véritable révolution. Compte tenu de ces exemples de «soutien» saoudien à la politique étrangère américaine, une revue globale des relations bilatérales est plus qu'obligatoire. Mais l'administration Trump ne semble pas vouloir suivre cette voie. De nombreux membres du Congrès et d'autres institutions se demandent pourquoi», poursuit Frederic Hof.

L'expert indique que le scandale autour de l'assassinat du journaliste saoudien sape les tentatives de s'opposer à l'expansion iranienne dans la région. «Le niveau avec lequel Riyad commet de graves erreurs stratégiques dans des zones comme le Yémen et la Syrie nuit aux objectifs de la politique américaine. Au final, ces erreurs sont favorables à l'Iran», souligne Frederic Hof.

A ses yeux, le meurtre de Jamal Khashoggi a anéanti les années de tentatives du gouvernement saoudien de faire face à la «propagande iranienne» dirigée contre Riyad.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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