Jean-Marc Ayrault propose de regarder «en face» l'histoire de l'esclavage en France

© AFP 2024 NICOLAS DERNESculptures des esclaves exposés dans le Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage
Sculptures des esclaves exposés dans le Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage - Sputnik Afrique
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Constatant que «le racisme anti-Noir» subsiste dans la société française, l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté, dans une tribune publiée dans Le Monde, sa vision du problème et expliqué le but principal de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage dont la création avait été évoquée par Emmanuel Macron en avril.

Si le «racisme anti-Noir» se manifeste périodiquement en France, c'est parce qu'il est nourri par l'ignorance, les préjugés et les discriminations, explique Jean-Marc Ayrault dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde consacrée à la création de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.

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«Ces images, ces insultes, ces injustices ne viennent pas de nulle part. Elles sont la trace toujours brûlante de l'esclavage dans notre société», souligne-t-il.

Pourtant de cette tragédie, poursuit M. Ayrault «sont également sortis des rêves de liberté, de dignité et d'égalité, des cultures, des figures qui font aujourd'hui partie de notre patrimoine commun».

Il rappelle qu'en 1794 la France a été le pays où l'esclavage a été aboli pour la première fois dans l'histoire de l'humanité «sous la pression des esclaves eux-mêmes». Selon lui, la force de la France est d'être «une nation mondiale, à l'histoire riche et dont la diversité est l'un des héritages les plus précieux» et c'est pour cette raison-là que Barack Obama a déclaré cet été à propos des joueurs de l'équipe de France de football qu'«ils ne ressemblent pas tous à des Gaulois, mais ils sont Français».

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«Ce projet [de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, ndrl] est ambitieux. Il est aussi délicat, comme toujours lorsque nous abordons notre passé colonial. Mais il est nécessaire, parce que c'est notre histoire et parce qu'ignorer cette histoire, c'est se condamner à ne pas comprendre d'où vient la France d'aujourd'hui, ce qui a forgé les idéaux de la République, ce qui donne à notre pays son identité métissée et ouverte», a ajouté l'ancien Premier ministre.

M. Ayrault a également appelé à ne pas avoir peur de «remuer ce passé» d'autant plus que ce sont les jeunes qui s'intéressent le plus à l'histoire de l'esclavage.

«Le moment est venu d'enfin regarder notre histoire en face et de libérer les mémoires car, comme l'écrivait il y a dix ans Edouard Glissant, "chaque mémoire libérée est le premier moment de toutes les mémoires rassemblées". Il est temps de rassembler toutes les mémoires de la France», a-t-il conclu.

La tribune de Jean-Marc Ayrault, président de la Mission de la mémoire de l'esclavage, des traites et de leurs abolitions, a été publiée la veille de la réunion qui rassemblera samedi 24 et dimanche 25 à la Maison de la chimie, à Paris, 150 participants venus de toute la France afin de discuter, en présence de Christiane Taubira, la stratégie de la future Fondation pour la mémoire de l'esclavage.

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