Faute de solution juste, le conflit se poursuivra
«Impasse», «manque de progrès», «absence de volonté politique» — combien de fois n’a-t-on pas lu dans les pages de journaux ces expressions au sujet du conflit israélo-palestinien, qui a pris naissance à la fin du XIXe siècle pour débuter officiellement en 1948 avec la création de l’État israélien, soit il y a 70 ans. Or, comme le souligne l’ambassadeur palestinien à l’Unesco dans un commentaire à Sputnik, le conflit perdurera tant qu’une solution juste n’est pas trouvée.
«Ils peuvent reconnaître ce qu’ils veulent, ils peuvent prendre les décisions qu’ils voudront. Tant que notre cause [palestinienne, ndlr] ne reçoit pas une solution juste, le conflit restera», souligne-t-il, commentant les informations sur l’intention du Président élu brésilien de suivre l’exemple de Washington et de transférer l’ambassade de son pays de Tel Aviv à Jérusalem.
«Personne ne peut nous sortir de scène parce que nous sommes la question, nous ne sommes pas juste des acteurs. Les pays arabes sont des acteurs, les Américains sont des acteurs, nous, nous sommes la question. Donc, quand vous voulez résoudre la question, elle ne peut être résolue qu’avec nous», souligne-t-il.
«Il faut travailler vers une réconciliation»
«Mais je pense que c’est une bonne solution qui peut préparer une vraie réconciliation non seulement à la paix, mais aussi parce qu’elle peut faire naître une nouvelle relation de voisinage. Les pays peuvent commencer par être bons voisins, ensuite vivre en paix. […] Il faut travailler vers une réconciliation, un fait beaucoup plus solide qu’un simple papier», souligne l’ambassadeur palestinien à l'Unesco.
Et d’ajouter que pour lui l’idéal n’est pas «un ou deux États», mais qu’il y ait une vraie distinction, une vraie séparation entre le statut de citoyen et sa religion.
«Deux États sont une étape, ce n’est pas la fin, mais aujourd’hui c’est une étape nécessaire».
Cap sur l’extrême-droite
Or, constate-t-il, la situation est bloquée, vu la situation dans les pays arabes, le jeu américain et le fait que la société israélienne «continue à aller vers l’extrême-droite».
«Vous avez vu ce qu’ils ont appelé la nouvelle loi de la nation. Tout d’un coup l’arabe devient une langue qui ne compte pas. […] L’article 1 dit: "Seuls les Juifs ont droit à l’autodétermination". Ça, c’est de l’apartheid. Alors qu’il y a 20% d’habitants en Israël qui sont des Palestiniens, à peu près 1,1 million de personnes quand même, ceux qui ne sont pas partis en 1948. Ce sont les descendants de ceux qui ne sont pas partis à Nakba [nom que les Palestiniens donnent à l'expulsion des trois quarts d'entre eux entre 1947 et 1949, ndlr] et qui sont là, qui sont développés, etc. Maintenant ils n’existent plus aux yeux de la loi israélienne», souligne-t-il.
Israël est en train d’aller vers l’extrême-droite d’une façon très claire, insiste-t-il, soulignant toutefois que ce phénomène est d’ailleurs mondial.
Relations Ramallah et Gaza
Il rappelle que M.Abbas avait conditionné la réconciliation à la concentration des appareils militaires sous un seul et même commandement. Or, le Hamas accepte tout sauf ça.
«Ils ne veulent pas parce qu’ils existent, parce qu’ils ont cet outil, ils ne veulent pas le lâcher. Ils veulent se réconcilier mais tout en gardant cette marche de manœuvre et ça bloque sur ça. Ça ne bloque pas sur autre chose», explique l'interlocuteur de l'agence.
Quelle aide pourrait apporter l’UE?
«L’Union européenne n’a pas de politique unie sur le Proche-Orient. […] Est-ce que la Hongrie est comme l’Allemagne et l’Allemagne comme Londres et Londres est comme l’Italie ou l’Espagne?», s’interroge-t-il.
Il précise que lorsque les pays membres prennent une décision de politique étrangère, elle doit être unanime.
«Il n’y a jamais d’unanimité, en tout cas sur notre question, ils ne sont jamais tous d’accord. Pas de consensus européen sur la Palestine. Il y a des choses générales, contre la violence, pour la paix, pour les deux États, mais en actes, en actions, il n’y a rien», conclut-il.