«J'aime bien la solution à deux États. Pour moi, c'est ce qui fonctionne le mieux.»
Avant même son accession à la Maison-Blanche, Donald Trump n'avait jamais caché sa sympathie envers l'État d'Israël. Ainsi, lors d'un meeting durant la campagne présidentielle il avait déclaré:
«J'aime Israël. […] Israël est notre plus sûr allié. Je suis très, très, très pro-israélien.»
Cette alliance entre les États-Unis et Israël n'est pas nouvelle. Depuis la création de l'État hébreu, et malgré quelques soubresauts notamment sous la seconde mandature d'Obama, l'idylle est merveilleuse. Chaque année, les États-Unis allouent une aide des plusieurs milliards de dollars à Israël (stabilité politique, développement économique, perfectionnement militaire, etc.). Mais cette relation est aussi donnant-donnant: Israël sert de point d'appui et d'allié stratégique pour les États-Unis au Proche et au Moyen-Orient tandis que Washington soutient officiellement la politique de Tel-Aviv. En marge de l'Assemblée générale des Nations-unies, ce 26 septembre, Donald Trump a déclaré à la presse, devant «Bibi» Netanyahu, qu'«Israël n'avait pas d'autre choix que d'être agressif».
De fait, indéfectiblement soutenu par son allié américain, Israël poursuit sa «politique agressive» face aux Palestiniens et sa stratégie du fait accompli face à la communauté internationale. L'expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie et l'accaparement des ressources, ainsi que l'adoption récente par la Knesset de la loi «État-nation du peuple juif» semblent enterrer définitivement la perspective d'un État de Palestine. Aussi bien par la géographie que par la loi, l'existence d'un tel État reste utopique.
Mais le but ultime est surtout de leur imposer son plan de paix. Mais d'ailleurs, quel est son plan?
Annoncé depuis sa prise de fonction comme le deal du siècle, Donald Trump a réaffirmé qu'il serait présenté avant la fin de l'année 2018. Si ce plan est encore totalement inconnu, un évènement récent pourrait laisser entendre une existence d'une confédération avec la Jordanie, ce qui priverait les Palestiniens de Cisjordanie d'un État indépendant.
Provenant d'Hagit Ofran, une militante de l'ONG israélienne La Paix Maintenant et relayée par l'AFP le 2 septembre dernier, cette idée de confédération aurait été proposée par Donald Trump à Mahmoud Abbas, par l'intermédiaire de son gendre Jared Kushner et de son émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt. Le Président de l'Autorité palestinienne aurait répondu positivement à ce plan, mais sous condition qu'Israël prenne part à cette confédération.
Si cette information ne put être qu'une rumeur, elle a fait réagir les plus hautes autorités de la Jordanie. Ainsi, Jumana Ghunaimat, ministre d'État aux Affaires des médias, a déclaré à The Jordan Times:
«L'idée d'une telle confédération entre la Jordanie et la Palestine ne peut pas être discutée et n'est pas un sujet de discussion. […] La solution à la question palestinienne est basée sur la formule à deux États conduisant à la création d'un État palestinien indépendant dans les lignes d'avant 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.»
Et d'ajouter:
«Sa Majesté le Roi Abdullah a souligné à plusieurs reprises qu'il n'y avait pas d'autre solution au conflit au Moyen-Orient que la solution des deux États et a mené des efforts diplomatiques pour affirmer clairement cette position à toutes les parties concernées.»
Si ce programme, encore hypothétique, a essuyé un net refus, la solution du deal ultime reste pourtant envisageable. Parce que, concrètement, Trump et Netanyahu peuvent s'appuyer sur le passé aussi bien que sur le présent. En effet, peu de temps après son indépendance, la Transjordanie annexe la Cisjordanie en 1948 et devient le Royaume de Jordanie. De plus, en 2018, entre 60 et 70% de la population vivant en Jordanie sont des Palestiniens et beaucoup ont obtenu la nationalité de leur pays d'accueil.
Si ce deal et son acception sont encore aujourd'hui très proches de la fiction, qu'en sera-t-il dans trois ou six mois? La pression exercée par Washington et Tel-Aviv contre les Palestiniens peut se renforcer encore davantage ces prochaines semaines. Quant à la Jordanie, si c'est pour le moment le seul pays stable de la région, les troubles économiques et sociaux du début de l'année peuvent resurgir. D'autant plus que la Jordanie reste sous perfusion, dépendant très largement de l'aide étrangère.
On risque donc d'entendre plus Hallelujah qu'Allahu akbar.