Les acheteurs de pétrole iranien en bourse risquent d'être confrontés à plusieurs difficultés et de tomber finalement sous le coup des sanctions américaines, tous les frets et navires étant surveillés dans le golfe Persique, a prévenu dans un entretien accordé à Sputnik Manouchehr Takin, expert économique londonien qui se spécialise dans le pétrole et le gaz, commentant le lancement par l'Iran de la vente de brut en bourse en réponse à un nouveau train de sanctions américaines.
«Quand les entreprises privées achètent du pétrole, on en livre dans un certain délai dans le golfe Persique et sur l'île de Kharg. Et après? Le transport du pétrole est surveillé de près depuis un satellite pour connaître l'emplacement du navire en cas de circonstances imprévues. Par ailleurs, les pétroliers sont équipés d'appareils et de dispositifs de navigation permettant d'établir la situation du bateau», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'ainsi les autorités américaines cherchant à couper court aux exportations de pétrole iranien suivaient l'endroit de l'arrivée des pétroliers partant de Kharg.
«La question se pose: comment les vendeurs vont-ils écouler leur pétrole? Si le pétrolier arrive en Inde, en Malaisie ou dans un autre pays et se met à décharger le pétrole, les États-Unis ne tarderont pas à faire pression sur ces pays pour qu'ils n'achètent pas de pétrole [iranien] sinon ils seront frappés par des sanctions américaines», a indiqué l'expert.
Il a rappelé que la Chine, l'un des importateurs de pétrole iranien, serait prête à acheter du brut iranien et ne craindrait ni sanctions ni menaces des États-Unis.
«Néanmoins, le problème existe, et ce problème, notamment le danger des sanctions américaines, ne concernera pas que la Société nationale iranienne du pétrole (SNIP) ou une autre compagnie privée, mais aussi les acheteurs de pétrole iranien», a expliqué M.Takin.
Selon ce dernier, il existe aussi le problème de paiement, vu les sanctions américaines visant également le secteur bancaire de l'Iran.
«On ne sait pas comment cette question pourrait être résolue à présent», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Dans la foulée de leur sortie de l'accord nucléaire avec l'Iran, les États-Unis ont établi le 5 novembre de nouvelles sanctions contre les secteurs pétrolier et bancaire de la République islamique.
À la veille de la mise en œuvre des nouvelles sanctions américaines contre l'Iran, celui-ci a lancé la vente en bourse de son pétrole à des acheteurs privés plutôt qu'à des pays. Seuls 280.000 barils ont été vendus le premier jour, sur le million qui avait été proposé aux enchères.