À quelle mort avons-nous droit? C'est la question que posaient les partisans du droit à mourir rassemblés place de la République le 2 novembre dernier, à l'occasion de la journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité.
Alors que les états généraux de la bioéthique ont présenté leurs conclusions cet été, 156 députés se sont prononcés en faveur d'une loi sur le suicide assisté. Un point de départ pour Noël Mamère, présent à l'appel de l'association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) le 2 novembre dernier:
«Il y a une majorité de députés favorable au droit à mourir dans la dignité. C'est à ces députés que nous devons nous adresser. C'est la pression par le bas, par la société, pour leur donner plus de force par rapport à un exécutif qui garde la main tremblante», estime l'ancienne personnalité d'Europe-Écologie — Les Verts.
L'ancien député écologiste dit avoir «espoir» qu'une loi autorisant le suicide assisté sera votée, mais ajoute que «cela prendra malheureusement plus de temps que nous l'espérons» en mettant en cause la difficulté à faire évoluer la société française:
«Nous avons vu le temps qu'il a fallu pour voter la loi sur le mariage pour tous, on va dire 9 ans après le mariage que j'ai célébré à Bègles. Il a fallu neuf ans de maturation et combien, combien de manifestations contre cette revendication simple: celle de l'égalité des droits?»
Interrogé sur la nature des opposants à la «revendication simple» que lui-même défend, Noël Mamère constate qu'il s'agit d'une alliance de circonstance entre conservateurs d'origines diverses.
«Je pense que pour le droit à mourir dans la dignité, nous sommes confrontés au même conservatisme, sous l'effet conjugué de plusieurs religions et de la peur des hommes politiques qui sont au pouvoir d'être en contradiction avec ces religions qui sont des lobbys puissants.»
«Plusieurs cas tragiques d'acharnement thérapeutique sur des personnes qui demandaient même à mourir et dont les familles n'ont pas voulu qu'ils meurent. Nous voyons bien que ça a fait prendre conscience de ce que nous pourrions être amenés à vivre et ça n'a pas fait progresser la loi.»
Pour autant, elle ne résout pas, selon Noël Mamère, le problème de l'égalité face à la mort:
«Nous mourrons tous un jour. Autant que ça se passe dans de bonnes conditions, mais surtout de manière égale. Derrière le refus du droit à mourir dans la dignité se dissimule une question d'inégalités; avec ceux qui pourront se payer le droit de mourir dans la dignité et ceux qui ne le pourront pas et qui seront condamnés à l'agonie et à des souffrances terribles.»
«Bon, c'est vrai, nous sommes le 2 novembre, il ne fait pas très chaud, nous ne sommes pas très nombreux. Parce que la mort, ce n'est pas bankable.»
La mort, un sujet peut-être pas bankable, mais bien réel et difficilement évitable.