Dans une lettre envoyée au gouvernement italien, la Commission européenne rejette sa proposition de budget pour 2019, qualifiant de «violation scandaleuse» des règles de l'UE le projet de Rome d'augmenter sa dette souveraine de 2,4% de son PIB. L'État italien est en effet surendetté, les banques italiennes détenant ainsi le record d'Europe des créances douteuses et des prêts non performants.
La situation actuelle en Italie se résume comme suit: l'introduction de l'euro a fait sérieusement reculer l'économie réelle du pays, et à la différence d'autres grandes économies de l'UE [de l'Allemagne et de la France, ndlr], celle de l'Italie n'a progressé que très faiblement, a déclaré à Sputnik, Dimitri Speck, spécialiste munichois des marchés de l'or.
«Ce problème trouve évidemment son expression dans la politique. Autrement dit, les électeurs votent pour les partis qui prônent l'augmentation de la dette publique et du déficit budgétaire. […] Quand la dette souveraine augmente, cela se répercute sur le cours de l'or», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que la coalition des partis populistes — la Ligue et le Mouvement 5 étoiles —actuellement au pouvoir en Italie était très critique envers l'Union européenne.
«On ne doit pas oublier non plus que, sur le plan économique, l'Italie est beaucoup plus importante que la Grèce qui a pourtant crée un problème important pour l'UE», a indiqué l'expert.
Selon ce dernier, une crise en Italie pourrait devenir une nouvelle catastrophe financière pour Bruxelles.
«Si tout cela débouchait sur une nouvelle crise en zone euro, les épargnes des particuliers à travers toute la zone euro seraient menacées. […] Nous nous dirigeons vers une croissance des dettes souveraines. […] Et cette croissance des dettes souveraines est un facteur positif pour le cours de l'or, c'est ce que nous avons vu notamment dans les années 1970», a poursuivi M. Speck.
Et de signaler que le cours de l'or ne cessait de monter.
«Mais si les investisseurs "fuient" les obligations italiennes pour l'or, alors les prix de ce métal précieux seront radicalement différents», a prévenu l'interlocuteur de Sputnik.
Dans ces conditions, même le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assure à présent la présidence tournante de l'UE, a appelé la Commission européenne à rejeter le projet de budget italien 2019 s'il reste en l'état. Néanmoins, jusqu'à présent, celui-ci a toujours soutenu le nouveau gouvernement à Rome.
«Je ne comprends pas l'Italie», a déclaré M. Kurz, cité par le site Finanzen.net.
Et d'avertir qu'une dette trop élevée serait «dangereuse pour tous».
«L'Autriche n'entend pas répondre des dettes d'autres pays alors que ceux-ci provoquent sciemment des troubles sur les marchés», a martelé le chancelier, selon le média.
Les observateurs sont unanimes à estimer que la remise en question de la capacité de la troisième économie de la zone euro à rembourser sa dette menace de plonger l'Europe dans une crise dont elle aurait du mal à se remettre.