Moins d'un an après le scandale de contamination à la salmonelle, Lactalis est-il à nouveau dans la tourmente? Le Canard enchaîné et une association de victimes accusent le groupe, mercredi 24 octobre, d'avoir écoulé 8.000 tonnes de lait en poudre potentiellement contaminé.
«Les autorités, sûrement trop occupées à éteindre l'incendie sur les produits infantiles, ont ainsi laissé écouler, en faisant preuve à tout le moins d'une abstention coupable avec le groupe LACTALIS, plus de 8000 tonnes de produits potentiellement contaminés considérant celles-ci comme trop peu» contaminées pour poser un problème sanitaire», condamne l'association dans un communiqué.
«La décision de laisser consommer les 8.000 tonnes de poudre nous a surpris, parce qu'à l'époque on ne savait pas si la tour produisant le lait pour les adultes était elle aussi contaminée. C'était prendre un risque inutile pour la santé publique», a confié au Canard enchaîné un fonctionnaire de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) sous couvert d'anonymat.
Or, une audition au Sénat cette année vient contredire cette version. Si la tour 2 n'était pas contaminée, «pourquoi avoir retiré à ce moment-là le lait infantile?», se demande M. Guillemain:
«La directrice de la répression des fraudes disait aux sénateurs, pas plus tard qu'en février 2018, que la Tour 2 était contaminée et que c'est pour cette raison qu'il y avait eu le retrait du 21 décembre. C'est écrit noir sur blanc. Que les gens changent d'avis, voire se contredisent, en permanence, je trouve ça surprenant. Surtout venant de la répression des fraudes qui est une autorité en France. Il faut qu'on sache maintenant la réalité».
Dans les prochains jours, l'avocate de l'association, Maitre Dousselin, devrait saisir le Procureur de la République de Paris d'une demande de réquisitoire supplétif afin que le juge d'instruction actuellement en charge puisse investiguer sur ces nouveaux faits.
«L'État aurait dû faire preuve de plus de pédagogie et d'explication auprès des victimes. À part avoir rencontré le ministre en janvier, nous n'en savons pas plus. Nous ne faisons que suivre les propos des uns et des autres auprès des médias», soupire M. Guillemain.