Lactalis à nouveau dans la tourmente?

© AFP 2023 DAMIEN MEYER Lactalis
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Malgré l’affaire du lait contaminé l’année dernière, le groupe Lactalis aurait continué à écouler 8.000 tonnes de lait en poudre «potentiellement contaminé». Le groupe affirme que la tour dans laquelle le lait était contenu ne représentait pas de danger... mais une audition menée au Sénat contredit leur défense.

Moins d'un an après le scandale de contamination à la salmonelle, Lactalis est-il à nouveau dans la tourmente? Le Canard enchaîné et une association de victimes accusent le groupe, mercredi 24 octobre, d'avoir écoulé 8.000 tonnes de lait en poudre potentiellement contaminé.

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C'est l'usine de Craon, dans la Mayenne, qui est visée: en 2017, des produits qui étaient sortis de ces tours avaient rendu malades de la salmonellose 53 enfants. D'après l'Association des familles victimes du lait contaminé à la salmonelle (AFVLCS), qui s'appuie sur des documents transmis par la préfecture de la Mayenne, si les produits incriminés ont été retirés du marché, une partie de la poudre de lait fabriqué a quand même été écoulée.

«Les autorités, sûrement trop occupées à éteindre l'incendie sur les produits infantiles, ont ainsi laissé écouler, en faisant preuve à tout le moins d'une abstention coupable avec le groupe LACTALIS, plus de 8000 tonnes de produits potentiellement contaminés considérant celles-ci comme trop peu» contaminées pour poser un problème sanitaire», condamne l'association dans un communiqué.

«La décision de laisser consommer les 8.000 tonnes de poudre nous a surpris, parce qu'à l'époque on ne savait pas si la tour produisant le lait pour les adultes était elle aussi contaminée. C'était prendre un risque inutile pour la santé publique», a confié au Canard enchaîné un fonctionnaire de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) sous couvert d'anonymat.

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Mais pour le groupe Lactalis, qui a réagi à la mi-journée dans un communiqué, cette décision de non retrait a été prise en toute transparence avec les autorités, confirmée également par la DGCCRF. S'il s'agit bien de la même usine, ce n'est pas la même tour de séchage, assure Lactalis, qui rejette fermement ces accusations «sans fondements». La contamination a toujours été «limitée à la tour 1». Les laits en poudre, pour adultes, ont été fabriqués dans la tour 2 non objet de la contamination et conditionnées sur un circuit d'ensachage indépendant.

Or, une audition au Sénat cette année vient contredire cette version. Si la tour 2 n'était pas contaminée, «pourquoi avoir retiré à ce moment-là le lait infantile?», se demande M. Guillemain:

«La directrice de la répression des fraudes disait aux sénateurs, pas plus tard qu'en février 2018, que la Tour 2 était contaminée et que c'est pour cette raison qu'il y avait eu le retrait du 21 décembre. C'est écrit noir sur blanc. Que les gens changent d'avis, voire se contredisent, en permanence, je trouve ça surprenant. Surtout venant de la répression des fraudes qui est une autorité en France. Il faut qu'on sache maintenant la réalité».

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Dans cette affaire «tout le monde commente et personne n'agit», déplore M. Guillemain. «J'attends que le gouvernement tire les conséquences de cette affaire: faire évoluer les règlementations en vigueur, rajouter des contrôleurs au lieu d'en supprimer et informer le public. Où est le site internet censé informer les parents, les victimes et consommateurs?».

Dans les prochains jours, l'avocate de l'association, Maitre Dousselin, devrait saisir le Procureur de la République de Paris d'une demande de réquisitoire supplétif afin que le juge d'instruction actuellement en charge puisse investiguer sur ces nouveaux faits.

«L'État aurait dû faire preuve de plus de pédagogie et d'explication auprès des victimes. À part avoir rencontré le ministre en janvier, nous n'en savons pas plus. Nous ne faisons que suivre les propos des uns et des autres auprès des médias», soupire M. Guillemain.

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