Même les souris qui consommaient une nourriture grasse et souffraient d'obésité ont pu concevoir une progéniture saine si elles avaient eu une pratique sportive avant la procréation», explique Kristin Stanford de l'université de l'Ohio (USA).
Les tables de la génétique
Le génome des hommes et de tous les autres êtres vivants avec un noyau cellulaire isolé est enveloppé dans des protéines histones spéciales qui maintiennent l'ADN enroulé en place et impactent la «lisibilité» de certains gènes, augmentant ou diminuant leur activité dans différents tissus et cellules.
Kristin Stanford et ses collègues ont découvert un autre phénomène similaire, cette fois lié non pas aux marqueurs situés à la surface de l'ADN, mais aux molécules microscopiques d'ARN d'origine encore inconnue, en étudiant comment le régime nutritionnel du père et son niveau d'efforts physiques impactaient la santé de sa progéniture.
A cet effet, ils ont pris plusieurs dizaines de souris mâles saines soumises à un régime très gras entraînant l'obésité, des problèmes de métabolisme et de diabète. En séparant les spécimens obèses et maigres en deux autres groupes, les scientifiques ont forcé deux d'entre eux à faire tourner régulièrement une roue et à accomplir d'autres exercices, alors que les autres ne pratiquaient pas de sport.
Plus tard, les biologistes les ont croisés avec des femelles saines pour vérifier comment le régime alimentaire et le sport influençaient la santé de la progéniture. A leur grande surprise, le caractère du métabolisme, le niveau d'activité physique et d'autres particularités de la vie de la progéniture des quatre groupes de souris étaient très différents.
Une bonne hérédité
En particulier, les petits dont les pères menaient un train de vie sédentaire souffraient bien plus souvent de niveau de glucose élevé dans le sang et devenaient plus rapidement diabétiques par rapport aux souris nées des «sportifs». C'était valable aussi bien pour les rongeurs qui consommaient de la «malbouffe» que pour les souris ayant un régime alimentaire normal.
Comme l'indique leur injection dans le fœtus, ces molécules «switchaient» la future souris d'un programme de développement vers un autre. Par exemple, si les molécules d'ARN d'un mâle «sportif» se retrouvaient à l'intérieur de petits nés d'un «fainéant», ils ressemblaient davantage aux premiers. De la même manière, les molécules de signalisation des souris qui ne pratiquaient pas de sport forçaient les bébés souris à devenir plus souvent diabétiques et grossir indépendamment de leur origine.
Les scientifiques ignorent encore comment ces groupes de micro-ARN fonctionnent précisément, mais ils comptent percer ce secret prochainement. La compréhension des mécanismes de leur fonctionnement pourrait protéger l'humanité contre une épidémie d'obésité et accélérer la création de «médicaments» contre l'excès de poids, concluent les auteurs de l'article.
1. http://diabetes.diabetesjournals.org/content/early/2018/10/03/db18-0667