Certains jours de l’Histoire sont surnommés «noirs», surtout en raison des crises financières, catastrophes naturelles ou d’autres événements malheureux. L’humanité a connu assez de crises pour que chaque jour de la semaine devienne noir une ou plusieurs fois. Mais il y a aussi des jours noirs qui n’ont rien de tragique. Petite étude des nuances de noir avec Sputnik.
Lundis noirs
Crise de 1987
Il y a 31 ans, le 19 octobre 1987, l’indice Dow Jones de la Bourse de New York connaissait une chute record (-22,6%) ce qui constitue la seconde plus importante baisse jamais enregistrée en un jour sur un marché d'actions.
Cet événement s’est répercuté sur le monde entier. En octobre 1987, les bourses d’Australie ont perdu 41,8%, celles du Canada 22,5%, de Hong Kong 45,8% et du Royaume-Uni 26,4%.
Cette journée a été surnommée «lundi noir» (Black Monday), devenant le deuxième «lundi noir» après 1929, l’année qui a généré plusieurs jours noirs, de jeudi à mardi, pendant le krach boursier de Wall Street.
Crise de 1929
En octobre 1929, des millions d’Américains étaient pris de panique. Une chute vertigineuse des actions a marqué le début de la Grande Dépression qui a duré une décennie.
Crise boursière russe de 1998
Il y a eu un autre «lundi noir», cette fois en Russie. Le 17 août 1998, les autorités ont annoncé un défaut de paiement sur la dette publique.
Les informations boursières rappelaient des dépêches venant d’un champ de bataille. Les gens étaient pris de panique et couraient pour trouver un bureau d’échange où ils pourraient vendre leurs roubles et recevoir des dollars à un taux plus avantageux. La crise a entraîné une dévaluation du rouble, mais elle a aussi forcé le gouvernement à dévaluer le rouble, permettant ainsi à l’industrie de redevenir compétitive.
Mardis noirs
Krach de 1929
Mardi est pour la première fois devenu «noir» en 1929. Cette journée était la quatrième et la plus tragique journée du krach boursier de Wall Street.
Crises du change de 1994 et 2014 en Russie
La Bourse de New York a fait face à une véritable panique: 16 millions d’actions ont été mises en vente. Les actions des producteurs d’acier et d’automobiles ont perdu 90% de leur valeur et la moitié des travailleurs dans ces secteurs ont été limogés.
Un autre «mardi noir» en Russie a eu lieu le 16 décembre 2014. Les Russes n’en croyaient pas leurs yeux, il semblait que le rouble ne soit jamais capable de remonter par rapport au dollar et à l’euro après cette chute. D’ailleurs, la situation s’est améliorée les jours suivants.
Mercredis noirs
Accords de Munich
Appelés à régler la crise des Sudètes, ces accords ont indirectement scellé la mort de la Tchécoslovaquie en tant qu'État indépendant, en permettant à Hitler d'annexer les régions tchécoslovaques peuplées d'Allemands.
Chute de la livre sterling
Le 16 septembre 1992 a été une nouvelle occasion de parler d’un «mercredi noir», après la chute importante de la livre au Royaume-Uni.
La crise a obligé les autorités britanniques à sortir du Système Monétaire Européen (SME) et à dévaluer la monnaie nationale.
La veille de Thanksgiving
Mais il y a aussi des mercredis moins tragiques, quoique laborieux et tendus. La veille de Thanksgiving est surnommée «mercredi noir» par les compagnies de transport et la police routière aux États-Unis et au Canada pour de bonnes raisons: c’est l’heure de pointe dans les aéroports et sur les routes. Des milliers de personnes se déplacent pour célébrer leur fête en famille.
Jeudis noirs
Crises financières
Mais outre ces crises financières, cette «journée noire» de la semaine est une occasion de se rappeler deux guerres.
Défaites aériennes cuisantes
Le 15 août 1940, la Royal Air Force britannique a infligé des pertes sévères à la Luftwaffe allemande au tout début de la bataille d'Angleterre. Le 15 août étant un jeudi, il a été appelé «Jeudi noir» par la Luftwaffe.
Le 12 avril 1951, est un autre «Jeudi noir» pour l’aviation, cette fois américaine, engagée dans la guerre de Corée. Ce jour-là, des chasseurs MiG-15 soviétiques ont abattu 14 bombardiers B-29 qui devaient attaquer l’aérodrome coréen de Namsi.
Vendredis noirs
Scandale Fisk-Gould
Le premier «vendredi noir» aurait eu lieu dès le XIXe siècle. Le 24 septembre 1869, un spectaculaire effondrement du marché de l'or a été enregistré à la Bourse de New York.
Cette crise a fait suite à une manipulation du marché par les financiers Jay Gould et James Fisk, responsables du chemin de fer Erie Railroad. Ils ont acheté beaucoup d’or pour provoquer la hausse des prix du blé et par la suite, celle des tarifs ferroviaires. Le prix de l’or a augmenté de 65%. Pour stabiliser la situation, le département du Trésor a encore injecté de l’or sur le marché et le taux s’est effondré de 30%.
Black Friday
Les scandales ne sont pas la seule occasion pour rendre un vendredi «noir». Le «Vendredi noir» (parfois traduit aussi de l’anglais par «vendredi fou») marque traditionnellement le coup d’envoi de la période des achats de fin d’année aux États-Unis et au Canada.
Cette fête du commerce se déroule le lendemain du repas de Thanksgiving. De nombreux magasins proposent des soldes importantes.
Samedis noirs
Crise des missiles de Cuba
Le plus célèbre «samedi noir» est celui qui a marqué la phase la plus tendue de la crise des missiles de Cuba. Le samedi 27 octobre 1962, le monde se trouvait au seuil d’un conflit nucléaire qui risquait d’éclater au milieu de la guerre froide.
Les missiles soviétiques déployés à Cuba après le déploiement par les États-Unis d’armes nucléaires en Turquie en 1961 ont fait monter la tension d’un cran entre Moscou et Washington. Les conseillers du Président Kennedy le persuadaient d’envoyer des troupes à Cuba et le locataire de la Maison-Blanche a décidé de le faire le lundi 29 octobre. Heureusement, la crise a été résolue. L’URSS et les États-Unis ont lancé des négociations et reconnu la nécessité d’un dialogue permanent.
«Samedis noirs» soviétiques
En URSS, on appelait «noirs» les samedis ouvrables à cause de l’encre noire qui marque les jours ouvrables sur les calendriers. En 1965, les autorités soviétiques ont décidé de renoncer à la semaine de travail de six jours au profit de la semaine de cinq jours avec deux jours de congé. Mais cela a réduit le nombre d’heures de travail par an. Pour combler cette lacune, des entreprises ont demandé à leurs travailleurs de travailler des samedis, qui ont ainsi été surnommés «noirs».
Dimanches noirs
Dust Bowl
Le 14 avril 1935 est un autre «jour noir» de l’Histoire des États-Unis et du Canada, cette fois en raison de la poussière qui a complètement caché le Soleil. C’était la journée la plus dure des tempêtes de poussière qui se sont abattues sur les prairies pendant les années 1930.
Les pâturages et les champs étaient couverts de poussière, l’eau n’était plus potable. Selon les médias, des milliers de personnes ont attrapé une pneumonie, des millions de personnes ont dû quitter leurs foyers et migrer vers d’autres régions. La période des tempêtes a duré six ans. Ces calamités ont coïncidé avec la Grande Dépression aux États-Unis.
Bombardement de Stalingrad
Il y a aussi eu un «dimanche noir» dans l’Histoire russe. Le 23 août 1942, la Luftwaffe nazie a commencé à bombarder Stalingrad, provoquant un incendie géant qui a détruit la partie centrale de la ville.
Des centaines d’avions arrivaient par vagues successives. De puissantes explosions éclataient à 10 ou 30 secondes d’intervalle. Seuls 100.000 des 400.000 habitants de la ville avaient eu le temps de quitter la ville avant ce bombardement. Plus de 40.000 personnes ont été tuées.
L’Histoire montre que chaque jour de la semaine a des hauts et des bas et parfois il peut devenir «noir» pour des raisons dramatiques. Mais l’encre noire peut aussi marquer des événements positifs et être un signe de croissance et l’Homme n’a qu’à espérer qu’un jour elle ne servira qu’à cette fin.