«Nous ignorons encore dans quelles galaxies exactement et dans quelles parties de l'univers surviennent ces sursauts. Quand les versions intégrales du SKA (Square Kilometre Array) et de l'ASKAP (Australian Square Kilometre Array Pathfinder) seront mises en service, nous pourrons localiser leur position avec une précision jusqu'au millième de degré. Cela devrait suffire pour comprendre d'où, concrètement, provient chaque FRB», a déclaré Ryan Shannon, chercheur à l'Université de technologie Swinburne de Melbourne (Australie).
L'écho du vide
Les astronomes ont évoqué pour la première fois l'existence de sursauts radio mystérieux en 2007, quand ils ont été soudainement découverts lors de l'observation de pulsars avec le télescope australien Parkes.
Par la suite, les astrophysiciens ont découvert que les FRB se répétaient et ont dévoilé d'autres de leurs particularités inhabituelles, incompatibles avec les principales versions «naturelles» de leur origine — ce qui a remis en question ces théories.
Ryan Shannon et ses collègues ont doublé le nombre de ces signaux connus en observant le ciel nocturne à l'aide du télescope en construction ASKAP — le prototype du SKA, le plus grand radiotélescope du monde d'une superficie d'un kilomètre carré. Sa construction devait commencer en Australie et en Afrique du Sud en 2019, et les astronomes mettent actuellement au point toutes ses principales technologies sur l'ASKAP.
Sa version réduite, écrivent les chercheurs australiens, a déjà réussi à découvrir une vingtaine de telles anomalies radio en seulement un mois et demi d'observations, doublant ainsi le nombre de FRB découverts au cours des dix dernières années.
Pour cela, les scientifiques ont placé les six antennes de l'ASKAP, qui sont généralement réunies en une seule antenne radio virtuelle, de manière à ce qu'elles couvrent une superficie d'environ 240 degrés carrés, soit mille fois la taille de la Lune dans le ciel nocturne. Cela a réduit la précision de localisation des sources de signaux radio, mais a accru la probabilité de leur détection.
Selon Ryan Shannon et ses collègues, aucun des vingt nouveaux FRB n'a été découvert de nouveau lors des observations répétées, ce qui témoigne de leur nature unique. D'un autre côté, l'étude de leur spectre a montré que tous ces sursauts étaient apparus bien au-delà de notre galaxie, ce qui a exclu une nouvelle fois la théorie selon laquelle les pulsars et d'autres sources peu puissantes d'ondes radio seraient éventuellement à l'origine «naturelle» de ces signaux.
Plus la source de ces ondes était éloignée, plus puissants étaient les sursauts. D'après les chercheurs, cela indique que nous sommes loin de voir tous les FRB, mais seulement les activités de ce genre suffisamment puissantes.
Ces observations ont révélé un autre aspect curieux — la fréquence d'apparition de tels sursauts dans tout le ciel nocturne de l'hémisphère Sud de la terre s'est avérée presque 200 fois inférieure à ce que prédisaient les observations au télescope Parkes, qui surveille un secteur particulier de la sphère céleste.
L'achèvement de l'ASKAP et le lancement du SKA, espèrent les chercheurs, permettront de comprendre les raisons de ces incohérences et la raison pour laquelle les propriétés des sursauts d'une unique source répétée, l'objet FRB 121102 dans la constellation du Cocher, diffèrent significativement des caractéristiques des «signaux mystérieux» uniques.