La Russie «veut transformer la Libye en nouvelle Syrie», écrit le tabloïd britannique The Sun, se référant aux services de renseignement. Apparemment, les scénaristes du «projet de téléréalité sur la GRU» commencent à manquer d'imagination. Et pendant qu'ils réfléchissaient, leur regard est tombé sur une carte du monde. Qu'avons-nous là? Oh! La Libye. Voilà la nouvelle cible des méchants russes.
A présent, affirment les agents britanniques, des dizaines d'espions russes errent en Libye pour «prendre le contrôle du plus grand itinéraire de migration clandestine en Europe» (ils devraient s'en réjouir, puisqu'ils n'arrivent pas à réguler ce flux migratoire indomptable eux-mêmes). Quelque part, entre les zones d'influence de différents groupuscules, se trouveraient déjà des S-300 et des Kalibr russes.
The Sun écrit que Vladimir Poutine «voit un espace incontrôlé et l'utilise pour exercer une influence maximale sur l'Occident». Bref, il transforme le pays en nouvelle Syrie. Mais qu'est-ce que cela veut dire? Étant donné que la Libye n'existe plus en tant que pays (essentiellement grâce aux efforts de l'Occident), il ne reste que des «principautés» de groupuscules armés disparates, et le gouvernement syrien a repris le contrôle de pratiquement tout le pays?
Mais, pour une raison qu'on ignore, c'est la Russie qui en est responsable alors même qu'elle essaie justement aujourd'hui de régler ces problèmes. L'Italie, qui prépare une conférence sur la Libye à Palerme, y a invité la Russie — qui a accepté. Mais est-ce intéressant pour les lecteurs du Sun?
Le niveau de la propagande antirusse au Royaume-Uni semble être tombé si bas que même les tabloïds s'y adonnent, dont la vocation première est d'annoncer des divorces entre les célébrités et de publier leurs photos ratées.
Mais c'est probablement le niveau voulu — pour les masses de lecteurs crédules.