Quand les prix sont en hausse, le marché européen devient plus profitable pour les producteurs de gaz naturel liquéfié, indique Thierry Bros, chercheur à l'Oxford Institute for Energy Studies et membre du Conseil consultatif UE-Russie sur le gaz, interrogé par Sputnik en marge du Forum international du gaz de Saint-Pétersbourg.
«Le prix aujourd'hui en Europe est de l'ordre neuf dollars par MBTU et c'est profitable pour le GNL. D'ailleurs, l'année dernière, 2017, il y a eu 19,5% du GNL en plus par rapport à 2016. Donc, effectivement, c'est profitable», a-t-il précisé.
«Par contre, il n'y a pas autant de GNL qui arrive par rapport à 2011, c'est parce qu'il y a des endroits où c'est encore plus profitable pour envoyer ce GNL. C'est la Chine, c'est l'Asie», a confirmé Thierry Bros.
Selon lui, à la différence du gaz transporté par les gazoducs, les livraisons du GNL sont flexibles ce qui permet de le rerouter là où les prix sont plus attractifs.
«Celui qui est le propriétaire du cargo va envoyer le cargo là où c'est le plus profitable […] Il y a dix ans que le GNL c'était finalement du quasi-pipe. Aujourd'hui, ce n'est plus ça. Le GNL c'est cette flexibilité, c'est cette capacité à aller vers le marché le plus rémunérateur», a-t-il ajouté.
Interrogé sur l'influence de cette flexibilité sur la sécurité énergétique européenne, M. Bros a indiqué que le GNL «contribue à toute la sécurité comme le gaz gazeux».
«Si l'Europe a besoin de plus de GNL, les prix vont monter et donc le GNL va arriver et va rester en Europe. L'Europe fait 60% du reloading du GNL dans le monde, c'est parce que les prix sont plus attractifs ailleurs. Si les prix devenaient moins attractifs ailleurs, ce GNL resterait en Europe», a-t-il souligné.
D'après M. Bros, le GNL russe peut également trouver sa niche en Europe.
«Il y a deux [usines] qui fonctionnent. Il y en a une à Sakhaline qui va en Asie et une autre, Yamal, qui vient en Europe en plein hiver et qui ensuite est rerouté si nécessaire», a-t-il conclu.
Lors du Forum international du gaz de Saint-Pétersbourg, Alexeï Miller a déclaré que le gaz livré par gazoducs continuera de jouer le rôle primordial sur le marché européen.
«Il est absolument certain que les livraisons du gaz russe par gazoducs sont plus compétitives que les livraisons du GNL de n'importe quelle autre région du monde», a-t-il affirmé.
Actuellement, les capacités des 24 terminaux de réception du GNL situés dans les pays de l'UE ne sont utilisées qu'à 25%. Néanmoins, l'UE entend construire 22 autres usines de regazéification afin de diversifier ses sources de livraisons du gaz.